Un doux rêve éveillé, une fable atemporelle et lumineuse

7 ans après Corpo Celeste, présenté à la Quinzaine des réalisateurs, et 4 ans après son Grand Prix pour le lumineux Les Merveilles, Alice Rohrwacher revient sur la Croisette cannoise avec Heureux comme Lazzaro, sélectionné en Compétition officielle à Cannes.
La réalisatrice aime les histoires hors du temps. Son nouveau film, tourné en 16mm, s'attache à dépeindre la vie moderne de paysans inféodés d'un village reculé de l'Inviolata italienne, sous le joug d'une famille de marquis moyen-ageux. La temporalité du film est doucement et subtilement effacée par une Alice Rohrwacher qui signe là l'un de ses films les plus aboutis.
Dans ce petit monde à l'écart de la civilisation, Lazzaro incarne l'idiot du village, l'homme frêle et généreux qui ne sait pas dire "non", serviable et servile. Grâce à son jeu sur l'atemporalité, Alice Rohrwacher le magnifie en figure christique, pour le grand plaisir du spectateur.
Un film en deux parties, très distinctes l'une de l'autre, l'archaïsme solaire de la première laissant la place au modernisme surréaliste de la seconde.
Un projet ambitieux emmené par un acteur débonnaire (Adriano Tardiolo) parfait !
À la sortie de la salle, on retiendra l'onirisme des plans granuleux, l'extravagance temporelle de son histoire et la sensibilité de ce conte christique.
Un cinéma à mille lieux du classicisme du reste de la Compétition, et de fait un bon candidat pour une Palme d'Or !
[Edit : le film a reçu le Prix du Scénario au festival 2018]

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le 19 mai 2018

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D. Styx

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