Un titre aguicheur, une bande-annonce intrigante, et surtout la collaboration du fantasque astrophysicien Aurélien Barrau : autant d’éléments qui n’ont pu qu’attiser ma curiosité à l’égard de ce « High Life ».
Mais au final, maintenant que je ressors de la projection, qu’est-ce que j’en ai tiré ? Quelques belles images très ponctuelles et « that’s it ». Au-delà de ça, en termes de propos, d’intrigue, de personnages – voire même de démarche au sens large – je trouve que ce film est d’un néant assez triste.
Et franchement ça m’emmerde.
Ça m’emmerde parce que j’ai l’impression que ce film s’était pensé comme une sorte de réponse minimaliste à des films comme le « Sunshine » de Boyle ou l’« Interstellar » de Nolan, ce qui en soi aurait pu être vraiment très intéressant.
Un équipage isolé dans l’espace. L’occasion d’être confronté à une forme d’existence dépouillée, résumée aux fondamentaux. Et au bout de tout ce voyage éprouvant pour le corps et le mental, la terrible question de la finalité ; cette effrayante inconnue…
On peut faire des dizaines de films différents avec un postulat pareil, chacun pouvant trouver son intérêt dans la singularité de son angle d’attaque. Mais le hic avec ce « High Life » c’est qu’à bien tout prendre, il n’y a pas vraiment d’angle d’attaque. Transpire juste de cette accumulation de scènes qu’une sorte de névrose malsaine qui s’exprime au travers de micro-événements décousus qui peinent à trouver leur sens et leur justification.
Et à dire vrai, ce fut pour moi un vrai petit supplice que de suivre ce film qui patine à avancer et à dire quoi que ce soit. On ne sait pas vraiment quelle est la mission de ces gens. Ils doivent aller vers un trou noir mais pourquoi ? On doit les droguer régulièrement mais pourquoi ? Le personnage de Dibs veut absolument faire des bébés en éprouvette dans l’espace mais pourquoi ? On s’interdit visiblement d’avoir une vie sentimentale et sexuelle dans l’espace mais pourquoi ? …C’est tout le problème de ce film (je trouve) que de vouloir absolument plonger ses personnages dans une situation de dépression permanente pour des raisons qui ne sont jamais expliquées.
Et pour le coup c’est une vraie faute à mon sens.
Autant l’absence d’explication peut parfois se justifier pour créer une atmosphère prenante et mystérieuse (prenons le « Cube » de Vincenzo Natali par exemple), autant dans le cas précis de ce film c’est une vraie tare car cela ne permet de rien explorer. On a juste un constat : celui de gens blasés et détraqués dans une situation sans réelle finalité. Et même si j’ai conscience que métaphoriquement parlant ça peut dire quelque-chose, cinématographiquement parlant c’est pour moi totalement stérile car cela empêche des spectateurs comme moi de cheminer dans cet univers.
On ne comprend pas ces gens.
On ne comprend pas leurs motivations.
On ne comprend pas leurs actions.
..Si bien que plus ce film avance, plus il accable par son absence totale de dynamique.
Ainsi, soit ce film ne fait que répéter sempiternellement la même chose ce qui peut contribuer à nous enraciner dans un ennui profond, soit il parvient à amener une péripétie nouvelle mais en le faisant d'une manière tellement obscure que, la plupart du temps, il est difficile d’en comprendre la logique et l’interprétation.
Qu’est-ce qu’ils veulent faire avec leurs trous noirs ? Comment ça se fait qu’ils croisent à un moment une mission n°9 alors qu’on peut supposer qu’elle a été envoyée bien après leur mission n°7 ? Pourquoi il n’y a que des chiens dedans ? Pourquoi on n'a pas le droit d’en ramener ? Pourquoi la fille de Monte grandit alors qu’on nous avait dit que l’accélération faisait que le temps ne s’écoulait pratiquement pas pour eux ? Si suffisamment de temps s’est écoulé malgré tout pour que la petite devienne adolescente, pourquoi Monte lui n’a pas vieilli ? Qu’a la fin ils puissent traverser un trou noir, qu’est-ce que ça change ? Et puis c’est bien gentil de prendre un Aurélien Barrau pour avoir des trous noirs crédibles mais à quoi bon quand dans le même film on balance des trucs dans l’espace qui tombent dans le vide comme des sacs de patates ? Eh oh ! Dans l’espace c’est pas gravité zéro ? Non mais oh !
En tout et pour tout, « High Life » n’aura été pour moi qu’une accumulation d’images dénuées de sens et d’intérêt. Une simple série d’images et de scènes souvent racoleuses qui se complaisent dans la violence des êtres et des corps ; dans l’expression d’une sexualité sans cesse contrainte et dévalorisante. Moi je n’y trouve aucun plaisir ni aucun intérêt. Au contraire, je ne peux m’empêcher de voir dans ce film les affres d’une auteure sans inspiration qui n’a rien à dire de construit et de constructif sur l’humain, et qui se cache soit derrière les effets d’esthète artificiellement vains (le tout premier plan en travelling sinusoïdal en est un triste exemple) soit derrière les malséances d’usage d’un cinéma hexagonal moribond.
Une démarche triste donc pour un résultat assez accablant au final.
Une triste manière aussi de gâcher un Aurélien Barrau…