Encore une victoire des Danois ! La patrie de la Petite Sirène en aura - t-elle jamais fini de me scotcher avec son 7ème art toujours intense, ses acteurs fabuleux, son brillant sens de l'image ?
Kapringen est une pépite qui se déguste le coeur battant, les pupilles rivées sur l'écran comme devant un assaut du RAID en live sur BFM. Soit un navire marchand détourné par des pirates qui exigent du PDG resté à terre au siège la modique somme de 15 millions de dollars pour libérer ses hommes. Parmi eux, Mikkel le cuistot du bateau, auquel on s'attache dès les premières minutes : on assiste à son émouvant échange par téléphone avec sa femme et sa petite fille. Amour, lassitude, impatience du retour d'Ulysse auprès de sa Penelope : tout est là pour installer une dramatisation efficace.
Le compte à rebours qui s'enclenche dès le début de la prise d'otages nous prend à la gorge : qui craquera ? Comment tiendront ils enfermés dans une piaule minuscule, obligés de faire leurs besoins à même le sol ? Autour d'eux, fascinants de réalisme et de naturel, des pirates somaliens osseux et lourdement armés, dont ils ne comprennent pas plus le langage que les intentions. Omar, le traducteur et négociateur, est la seule interface de communication entre Danois et pirates. Le spectateur est suspendu aux coups de téléphone qui tentent difficilement de faire avancer la négociation afin d'envisager un compromis. Mais ils sont durs à cuire les pirates et ce n'est certainement pas 250 000 dollars qui pourront les satisfaire !
Quel suspense dans ce film - qu'on prendrait presque pour un documentaire tant il est vivant, tant les peaux luisantes et sales de sueur, les regards hagards, crèvent l'écran.
Mention spéciale à l'acteur principal, absolument incroyable d'investissement, de courage et d'oubli de soi. Seule la perspective de l'amour à retrouver, le tendre foyer, le maintient debout... Mais jusqu'à quand ?
L'ambiguïté sur le sort réservé, jusqu'à la dernier minute, aux otages, est brillamment entretenue et nous fait le souffle court. Les rebondissements sont nombreux et jamais la tension ne semble pouvoir retomber.
Enfin, je souhaite dire quelques mots de la magnifique scène finale, petit bijou de mise en scène, avec cette berline impeccable qui s'éloigne, cette porte de parking qui se referme lentement, comme le rideau sur la scène...
En un mot comme en mille : magistral !