Vu lors du Festival du Cinéma d'Alès - Itinérances 2018, pour sa première projection sur un aussi grand écran, Histoire d'une prostituée de Seijun Suzuki est un très beau récit, poignant, d'une prostituée dans un camp de soldats japonais qui ne cesse de satisfaire les "envies" de ces messieurs... Bientôt, le capitaine se réserve cette effrontée qui le refuse lors de ses plaisirs charnels bestiaux (on plaint très vite cette pauvre jeune fille, entre l’écœurement et la révolte outrée face à ces pratiques dignes d'un autre millénaire...), tandis que la jeune fille préfère tomber amoureuse du serviteur fidèle du capitaine, qui n'a pas tant d'yeux pour elle... Entre tragédie humaine à la limite du shakespearien, batailles basées sur l'honneur et codes de conduites ancrés dans les mœurs japonaises et effets de style singuliers (les arrêts sur image, les personnages littéralement déchirés comme du papier, ...), on se sent immédiatement dépaysés. En revanche, pour ceux qui ne sont pas familiers du genre, pensez à des boules Quies, car le cinéma japonais est féru de cris continus (Hirumi est ainsi souvent assourdissante). De même que la fin tragique déçoit un peu, peut-être simplement inadaptée à notre culture moderne qui trouvera alors que
la miss se sacrifie vraiment inutilement
vu que l'homme la repousse comme une mouche indésirable (absolument pas pour la sauver), et ne parlons pas de l'acte vain de l'homme car depuis notre fauteuil nous savons bien que quoiqu'il fasse il sera déshonoré donc se suicider est peut-être le dernier choix à faire... Un beau classique de l'Enfant Terrible du Japon, qui fera des heureux parmi les amateurs du genre, et vaut le coup d’œil des curieux.