Hollow Man - L'Homme sans ombre par Nicolas Montagne
Hollow Man est encore un projet tombé dans l'oubli pour Verhoeven. De ceux qui sont considérés comme des films anecdotiques. Après l'échec Starship Troopers, il fallait que le hollando-américain se resaisise le plus vite possible pour ne pas être oublié des studios hollywoodien. Fort de son expérience du lynchage, Verhoeven met donc en chantier un film sur les tendances basses de l'être humain, sa soif de pouvoir et ce qu'il est capable de faire pour le reprendre. Assez similaire à La Mouche de Cronenberg sur ce point, il ne s'agit pas néanmoins du seul point commun avec le réalisateur canadien, le côté organique des êtres vivants et la contamination de la violence étant ici particulièrement mis en avant. Pour autant, le tout reste dans les thèmes de Verhoeven, faisant de ce film une partie intégrante des obsessions du cinéaste.
Le casting est très bien pensé: Kevin Bacon en grand scientifique qui pète les plombs à force de se croire isolé par sa puissance, Elisabeth Shue parfaite en héroïne perdue par les évéments mais qui tente de s'accrocher,...Ce duo donne d'ailleurs une âme manifeste à ce film qui n'a pas été apprécié à sa juste valeur.
Le côté cronenbergien est néanmoins bien présent dans la fameuse scène où l'on découvre le dispositif d'invisibilité sur le gorille. L'être visible apparaît et disparaît mystérieusement et progressivement, dévoilant les organes et le fonctionnement organique du corps de la bête. Cette scène est d'ailleurs presque métaphysique tant ce qui nous est présenté fait partie de l'abstrait. Cette potentialité supra-linéaire se répercute sur le film tout entier avec une réflexion sur l'existence très finement installée: existons-nous par la vision ou ne sommes nous justement que les ombres de nous-mêmes si nous ne pouvons être vus? Une question à laquelle Caine tente de répondre tout au long du film, avec souffrance, jusqu'à l'apothéotique scène de fin.