Leos CARAX nous invite à un voyage au coeur de l'étrange et nous propose une expérience de cinéma unique et folle.
Dans une limousine transformée en loge de théâtre et conduite par une mystérieuse femme incarnée par la regrettée Edith SCOB, un homme va de rendez-vous en rendez-vous, chacun plus surréaliste que le précédent. Découpé en saynètes, entrecoupées par le voyage durant lequel l'homme se grimera en un personnage chaque fois différent, il y incarnera tour à tour une mendiante, un père, un meurtrier ou encore une étrange et effrayante créature hantant de sa bestialité un cimetière.
Aucun lien ne semble se dessiner entre les différents rôles incarnés par cet homme, si ce n'est son protagoniste.
Fable symbolique et fantastique, l'on notera l'extraordinaire prestation de Denis LAVANT qui épaulé par une mise en scène virtuose, passionnée et libérée des diktats classiques de la narration convoquera là les fantômes de la tragédie grecque, ici les maîtres de l'expressionnisme allemand ou bien encore les représentants de la commedia dell'arte ou de la farce, invitant le spectateur au coeur d'une ode à l'art de jouer la comédie.
Film qui sera difficile d'accès à un public désireux de narration linéaire ou de scénarios clairs, mais qui se révélera d'une richesse infinie pour qui voudra bien se laisser dompter par cette vision décalée et folle.
Je suis pour ma part complètement sous le charme de cette oeuvre iconoclaste et ouverte à toutes les interprétations et conjectures, y compris tout simplement un exercice de style surréaliste sans autre but que d'offrir des images qu'un Dali n'aurait pas renié et qui se passe d'analyse trop terre à terre.
Soyez curieux et jetez vous sur ce film. Une gourmandise colorée dans le fantastique.