L’horizon est au loin, à n’en pas douter
Kevin Costner et sa grande fresque américaine. Un projet qui lui tient à cœur et dans lequel il a tout mis.
Parlons tout d’abord de l’esthétique et de la mise en scène de ce premier chapitre de Horizon avant de nous pencher sur ce que le film veut nous raconter.
Esthétiquement, c’est un 10/10. Les décors sont superbes, tout est tourné en extérieur et ça se sent, ça fait du bien. Il y a une vraie sensation de respiration dans ce film. Les effets de grandeur que nous offrent les paysages américains, cet Ouest sauvage à la fois mystérieux, hostile et plein de promesses, sont parfaits pour ce que veut nous raconter Costner. C’est juste magnifique et nous rappelle les grandes heures du western et la sortie des studios à la fin des années 60.
La mise en scène est, pour ainsi dire, classique. Elle repose sur les codes du western (américain, j’entends bien, nous ne sommes pas dans le spaghetti), mais c’est largement suffisant. Les personnages prennent beaucoup de place, tout comme les décors. La caméra vient comme une observatrice silencieuse. Certains travellings sont exactement là où il faut, ce qui rend le récit très digeste pour tout le monde et sublime toujours l’arrière-plan.
Et il est important, cet arrière-plan, car si le film met en scène une multitude de personnages, le personnage principal, c’est bel et bien l’Amérique sauvage derrière eux.
La musique, elle aussi, mérite un sérieux 10/10. Il n’y a pas de thème ultra marquant comme dans un western spaghetti, mais elle sait être discrète et, quand il le faut, mettre en avant le propos d’une scène. La sensation d’un Red Dead Redemption se fait énormément sentir : eux qui se sont inspirés des vieux westerns américains, c’est exactement la même démarche dans ce film.
Qu’est-ce que veut nous raconter ce film ?
Eh bien, justement, c’est là que le film a son point noir : beaucoup trop de choses !
En trois heures, nous allons explorer la guerre entre Indiens et colons, les justifications que chacun apporte pour considérer l’autre comme un sauvage, le grand exode vers l’Ouest, une partie de la ruée vers l’or. Quel est la place de chacun dans ce nouveau monde et dans le virage qu’il est en train de prendre ? Mais ce n’est pas fini. En sous-texte, nous allons aborder des sujets comme le deuil, l’amour, la vengeance, l’innocence à travers plusieurs personnages étant des enfants. Et dans tout ça, Kevin Costner incarne un cow-boy qui joue de la gâchette, sauvant une jeune prostituée avec un enfant dans une histoire étrange.
On pourrait se dire qu’en trois heures, il y a le temps de raconter tout cela. Eh bien, malheureusement, oui et non. Car le film est une gigantesque introduction à toute sa saga en quatre volets.
Trois heures d’intro qui finissent en teaser pour la suite, avec un enchaînement de plans nous montrant ce qui va se passer dans les prochains films. Comme une sensation d’avoir vu le premier épisode d’une série : on nous présente des lieux, des personnages et des situations, et… voilà. Il n’y a même pas l’ombre d’un cliffhanger, puisque la fin du film est un mini teaser, comme dit précédemment.
Pourtant, il se passe plein de choses très intéressantes, et le sujet de l’Ouest sauvage et de l’exode est vraiment bien raconté. Mais il y a aussi cette sensation d’avoir plusieurs films en un.
Horizon, c’est un western fait avec le cœur, et nul doute que la suite le sera aussi. J’ai envie de voir la suite, j’ai envie de continuer cette histoire, mais ce qui m’effraie, c’est : est-ce qu’on va en voir le bout ? Le principe de la saga est de nous raconter une histoire globale sur un ensemble de films, mais le but du cinéma, c’est aussi de nous raconter une histoire. Et ce film, bien qu’il nous raconte quelque chose, n’est qu’un enchaînement de débuts d’histoires, et c’est cela qui me gêne.
Nous ne sommes pas sur un format série. Où sont les trois actes ? Est-ce que j’ai la satisfaction d’avoir vu quelque chose avec un début, un milieu et une fin ? Pas vraiment.
J’ai aimé, car j’aime le western ! Mais il ne faut pas s’étonner si ce film n’a pas très bien marché : il raconte trop de choses et jamais assez.
Pour conclure, ce qui est génial avec Horizon, c’est la démarche : sortir des studios et mettre les moyens pour nous montrer une époque. Cependant, la faible réussite de ce film va certainement refroidir beaucoup de gros studios de production pour financer d’autres projets de ce genre. Ce n’est pas la faute à Costner, qui a lui-même beaucoup investi dans ce film, mais peut-être que son projet est trop grand pour une industrie qui veut une rentabilité immédiate et faire des films sans risque.