Humanisme sans angélisme
Le mot lui-même, autisme, n'est presque jamais prononcé dans Hors normes, non pour nier cette "différence" mais plutôt pour éviter de coller une étiquette tellement réductrice et bien pratique...
le 23 oct. 2019
62 j'aime
2
J'ai toujours eu une affection particulière pour Eric Tolédano et Olivier Nakache. Tous leurs films m'ont plu (certains plus que d'autres, quand même), et ils font partie des très rares réalisateurs français dont j'attends la sortie de leur nouveau titre avec intérêt. « Hors Normes » n'est sans doute pas parfait : l'équilibre comédie-drame est fragile, sa structure également, les deux compères voulant traiter énormément de choses en moins de deux heures. Mais globalement, quitte à laisser plusieurs pistes en cours de route, je trouve qu'ils s'en sortent plus que pas mal. Cette plongée dans le quotidien d'éducateurs spécialisés (et donc aussi bien des jeunes qu'ils forment que des autistes qu'ils accompagnent) est à la fois dense, chargée d'émotions sans être édifiante, les touches d'humour parsemant le récit étant aussi rafraîchissantes que bienvenues.
Dans cette perspective, le choix des comédiens s'avère souvent idéal, notamment Benjamin Lesieur, irrésistible dans le rôle de Joseph, l'impeccable duo Vincent Cassel - Reda Kateb (avec, peut-être, une très légère préférence pour le second, mais vraiment légère), tous les seconds, voire troisièmes rôles, ayant quelque chose à jouer à un moment. Rien n'est jamais trop facile ou acquis d'avance : même si les auteurs d'« Intouchables » restent d'éternels optimistes (à l'image d'un dénouement n'ayant, pour le coup, pas peur d'en faire), ils n'éludent pas le danger dans lequel peuvent se retrouver les uns et les autres ou encore le manque de moyens pouvant amener à des situations particulièrement graves.
On n'en oublie pas pour autant de nous offrir de vrais personnages, excellemment incarnés, donc, avec chacun beaucoup de personnalité :
Bruno et ses savoureux rendez-vous amoureux ratés, la répartie irrésistible de Malik, notamment devant ses « élèves » :
j'ai adoré ses moments, à la fois très drôle et donnant une véritable identité à chacun, quitte à être un peu maladroit, parfois
(l'ébauche de relation entre Dylan et Ludivine tourne quand même un peu court alors qu'elle partait joliment).
Il aurait presque fallu en faire une série, tant on a l'impression que Tolédano et Nakache avaient encore beaucoup à dire. Le temps passe vite, et on aurait été heureux de suivre encore quelques temps nos héros, signe que ce « Hors Normes » reste une belle réussite, et une sacrée déclaration d'amour à ces héros de l'ombre, dont une bien plus grande reconnaissance serait plus que méritée. Sans doute l'œuvre la plus « grave » du duo, mais aussi une de leurs meilleures.
Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Les meilleurs films de 2019, Les meilleurs films français de 2019 et Les meilleurs films d'Éric Toledano et Olivier Nakache
Créée
le 3 nov. 2019
Critique lue 590 fois
7 j'aime
D'autres avis sur Hors Normes
Le mot lui-même, autisme, n'est presque jamais prononcé dans Hors normes, non pour nier cette "différence" mais plutôt pour éviter de coller une étiquette tellement réductrice et bien pratique...
le 23 oct. 2019
62 j'aime
2
S'il y a un fil conducteur qui traverse toute la filmographie, désormais conséquente, du "couple" Nakache / Toledano, c'est indiscutablement le thème du "lien social", et de son importance capitale,...
Par
le 28 oct. 2019
53 j'aime
12
Je me souviens d’il y a dix ans. Je me souviens d’ « Intouchables »… On y parlait de fracture sociale. On y parlait de parias, que ce soit par le handicap, les origines sociales ou l’orientation...
le 18 nov. 2019
27 j'aime
12
Du même critique
Thierry de Peretti est un réalisateur doté d'une bonne réputation, notamment grâce à « Une vie violente », particulièrement apprécié à sa sortie. J'y allais donc plutôt confiant, d'autant que le...
Par
le 20 août 2022
32 j'aime
8
Cinq ans d'attente, avant que la crise sanitaire prolonge d'une nouvelle année et demie la sortie de ce 25ème opus, accentuant une attente déjà immense due, bien sûr, à la dernière de Daniel Craig...
Par
le 7 nov. 2021
29 j'aime
31
Je le sentais bien, pourtant. Même si je n'avais pas aimé « Momo », adapté du même Sébastien Thiéry, cela avait l'air à la fois provocateur et percutant, graveleux et incisif, original et décalé,...
Par
le 25 sept. 2021
25 j'aime