Cette étrangeté dont les cercles cinéphiles les plus radicaux aiment à parler entre eux comme d'une expérience rare, vient de bénéficier après plus de 40 ans d'une remasterisation et d'une sortie simultanée en Bluray et DVD, qui permettra d'élargir son public à une plus vaste audience.
Toutefois ce film constitue une proposition consternante de débilité, outrageusement absurde, stupéfiante de mauvais goût, dont l'aspect foutraque assumé et l'emballage kitsch coloré, pop, adolescent et débordant d'un enthousiasme qui frise avec le trop plein d'un manga bas de gamme, va laisser en dehors une grande majorité d'entre vous. Mais ceux qui comme moi ont été divertit enfants par les animés japonais tels "le collège fou fou fou" ou "Nicky Larson" vont retrouver les gimmicks de mise en scène du genre, des trucages bricolés directement sur la pellicule en passant par les surimpressions volontairement grossière dans leur facture ou l'irruption soudaine d'éléments fantastiques sous formes de dessins, et même quelques éléments qui sont normaux au Japon mais qui ici sont discutables, comme cette relation ambigüe entre un professeur et une de ses élèves ou la tendance de la caméra à s'attarder sur les culottes des mêmes jeunes filles.
Alors au final ce film ne vaut-il que par sa plastique exubérante, excessive, psychédélique et ne constitue qu'un geste poseur sans autre ambition que d'être un objet visuel vain et expérimental ? Et bien non et c'est ça pour moi qui le rend intéressant et même brillant c'est qu'en creux et de façon subtile et intelligente le film aborde des thématiques, certes liés à l'histoire du Japon d'après guerre, mais passionnantes à entendre.
Il y a d'abord l'idée de la perte de la mémoire collective d'une jeunesse, celle des années 70, qui n'a connu ni les affres de la guerre, ni les luttes sociales des générations précédentes et qui à l'instar des romantiques français décrits par Alfred de Musset dans sa "confessions d'un enfant du siècle" n'a plus d'idéaux fondamentaux à défendre et se perd dès lors dans le superficiel et laisse la porte ouverte à l'ingérence d'autres cultures qui in fine videront de leur substance et de leur rôle de communs sociétal les traditions d'un Japon entre deux eaux.
On peut aussi, notamment dans un flash-back illustré par une séquence sépia assez remarquable voir poindre le traumatisme de la bombe nucléaire et ce sont ainsi, mine de rien diverses sources d'interrogation et d'analyses philosophiques que le film se propose d'aborder, dès lors qu'on s'est affranchit d'un éditorial artistique provocant.