Je me suis fait la réflexion peu de temps après être sorti de la salle : « House of Gucci » m'a fait la même impression (en peut-être un peu mieux) que « Tout l'argent du monde », sorti quatre ans plus tôt, et qui à mon sens restera plus comme le titre de la honte concernant le traitement réservé à Kevin Spacey que comme une réussite cinématographique. Ridley Scott n'est plus Ridley Scott, il le confirme quasiment à chaque film : juste un artisan sérieux et professionnel, emballant comme il faut cette grosse production au casting spectaculaire. D'ailleurs, dans la première partie je me suis un minimum laissé prendre : bande-originale d'époque, souvent dans des reprises italiennes de belle facture, photographie très soignée, garde-robe impressionnante, intrigue prenant son temps sans pour autant souffrir de longueurs, Lady Gaga tout à fait à la hauteur de ses prestigieux homologues masculins...


Sans être passionnante, on suit avec un minimum d'intérêt cette histoire de pouvoir, de guerre d'influence, ponctuée par de nombreuses manœuvres et autres coups bas... Divertissant, à l'image de nombreux personnages haut en couleurs et jamais totalement négatifs afin de nous séduire un minimum. Mais bon, au final, que retiendrais-je de cette œuvre se donnant parfois de faux-airs de « Parrain » sans en avoir un seul instant l'étoffe ? Si l'intrigue est relativement claire, le récit finit quelque peu par s'embourber dans des considérations à moitié captivantes, qu'elles soient d'ordre familial ou professionnel.


De plus, alors qu'il n'était pas impossible jusqu'ici d'avoir un semblant d'attachement pour quelques protagonistes, tous finissent par se révéler particulièrement veules, et ce qui aurait dû être la partie le plus intense de l'œuvre (l'assassinat de Maurizio) paraît presque traitée par-dessus la jambe, comme si Scott s'était finalement toujours beaucoup plus intéressé au luxe qu'au crime en lui-même, le ton virant même légèrement à la bouffonnerie avec les retrouvailles entre Paolo et Aldo, Lady Gaga, dans le dernier tiers, finissant par cabotiner avec autant d'entrain que les grands noms l'entourant (bel effort d'acclimatation, Stefani).


En définitive, j'en sais un peu plus sur cette sombre affaire familiale entre ultra-riches, faisant plutôt illusion dans sa première moitié avant de se perdre un peu en route : honnête (et un peu longuet) divertissement hollywoodien ou énième titre mineur dans la filmographie de Ridley Scott, tout dépendra de votre degré d'indulgence du moment.

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le 28 juil. 2022

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Caine78

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