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le 29 nov. 2021
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Ridley Scott nous transporte dans une Toscane brumeuse où l'atmosphère indécise semble cacher bien des secrets. La direction photographique est impeccable et met en valeur l'immense travail de composition, les choix luxueux du mobilier et le style vestimentaire des personnages. C'est grandiose, démesuré et percutant, le cadre est posé pour une œuvre sublime sur la déchéance de la famille Gucci.
Le rythme est, comme souvent chez Ridley Scott, lent et maîtrisé. Il ne se passe pas grand chose mais le cinéaste arrive par je ne sais quel stratagème à nous tenir en haleine tout au long du film. Les dialogues sont bien écrit et on probablement une responsabilité dans ce tour de force. Malheureusement, la magie n'opère pas sur tous les points et le criant manque de profondeur des personnages pénalise l'entièreté du (trop) long-métrage.
Malgré un casting XXL les seconds rôles sont fantomatiques. Salma Hayek est posée là comme un cheveux sur la soupe, Camille Cottin fait ce qu'elle peut avec ses 6 répliques, Jared Leto bien que métamorphosé ne parvient pas à rendre son Paolo Gucci attachant (la veste streetwear pour le rendez-vous avec les investisseurs, c'est sérieux ça ?) et même Adam Driver n'est pour une fois pas irréprochable. Seul Al Pacino arrive réellement à donner vie à son personnage.
Pour ce qui est de l'interprétation de Lady Gaga dans le rôle de Patrizia Reggiani, si l'on fait abstraction de cet horrible accent forcé tout sauf italien, on se rend vite compte que l'écriture du personnage ne permet aucunement à l'actrice de se révéler. Patrizia Reggiani est extrêmement caricaturée et se résume finalement à une michetonneuse résignée. Je pensais la voir évoluer en même temps que sa situation financière, en imaginant qu'elle aurait une certaine emprise psychologique sur son entourage, mais elle se fait finalement jeter comme une vieille chaussette. Elle ne prend même pas la peine de s'impliquer personnellement dans sa vengeance qui est sobrement mise en scène et qui n'engendre une nouvelle fois, aucune émotion.
Je pense que le réalisateur est bloqué dans une volonté d'authenticité qui rend son œuvre fidèle à l'histoire mais qui démontre une direction artistique largement insuffisante où les talentueux interprètes ne trouvent quasiment jamais leur place. Je n'ai ressenti aucune empathie envers les membres de la famille Gucci et j'ai l'impression de ne pas avoir creusé leur âme torturée qui auraient pourtant pu briller par leur complexité. On termine le récit par un résumé historique des événements post-mortem et on découvre la malice de Domenico De Sole qui devient le CEO de Gucci alors qu'il n'a jamais été autre chose que l'homme en noir d'arrière-plan pendant le film. Bon voilà, 2h37 pour ne pas réussir à créer des personnages intéressants, en ajoutant à cela une bande originale incohérente qui oscille étrangement entre musique classique et tubes des années 80, c'est forcément un échec.
Créée
le 30 nov. 2021
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