Fin du lycée, examens passés, début de l'été ; trois bonnes amies s'offrent des vacances avec pour seul but de s'éclater et perdre leur virginité. Ça sonne comme bien des comédies grasses, sauf que Molly Manning Walker n'a aucune intention d'aller sur ce terrain-là. D'accord, la réalisatrice convie son spectateur à une semaine de biture ininterrompue, avec soirées alcoolisées et hormones en tout sens, mais le regard se tourne non vers la fête mais sur les fêtardes, en particulier une : Tara.
La réalisatrice ne s'improvise pas membre de la brigades des mœurs, juste l'observatrice d'un passage à l'acte contrarié par la réalisation progressive d'une génération matraquée d'injonctions. En 88 minutes, on a le temps d'en voir des scènes de bringues, mais l'euphorie est vite rattrapée par une sensation d'inconfort. À travers Tara, on prend conscience d'une mécanique pernicieuse. Elle débute par cette pression à "le faire". Puis le choix des tenues aguicheuses. Les garçons aux attitudes entreprenantes. Arrivent les jeux à boire, avec son lot de défis tournant invariablement la femme en machine à fantasmes. Des "normes" qui prendront une dimension encore plus nauséabondes quand la thématique du consentement.
Là, How to Have Sex achève sa mue vers le drame et dépeint avec un réalisme sidérant la culture du viol. L'objet n'est pas de brocarder une gent au profit d'une autre ou de se lancer dans un discours. La mise en scène, l'écriture ainsi que les improvisations des interprètes suffisent. Elles colorent petit à petit tous les personnages y compris lors des séquences sans parole. Tara mais aussi Badger, Skye et Paddy. En cours de route, certains vont vers des tons plus doux tandis que d'autres se couvrent, parfois beaucoup. Aucun ne laissera indifférent, ce qui n'est déjà pas évident en particulier dans une durée aussi courte. Et donne encore plus envie d'applaudir les actrices et acteurs pour leurs subtiles performances.