Une semaine estivale dans la jeunesse peut parfois transcender sa simple durée de quelques jours. C'est peut-être là l'essence singulière de l'été : chaque instant promet de devenir un souvenir impérissable, gravé dans le marbre du temps. Chaque moment offre une opportunité de rencontre et une plongée dans une nouvelle expérience. Bien que les journées se ressemblent – entre les cuites, les escapades à la piscine et les virées nocturnes –, chaque jour pourtant est singulier. Cette vérité est d'autant plus palpable lorsqu'il s'agit de notre toute première semaine de vacances entre amis, celle que l'on traverse généralement à l'âge de 18 ans, avant d'entamer des études supérieures : c'est la promesse d'un monde inédit qui s'ouvre à nous, un univers délié des contraintes bureaucratiques scolaires et de l'autorité parentale. Ces jeunes individus mis en scène dans « How to Have Sex » aspirent ainsi à échapper à la domestication de leurs corps imposée par ces institutions, préférant s'extasier, explorer des sensations inconnues, voire repousser leurs propres limites
Et quand on est jeune, le sexe symbolise le graal de cette promesse d’expérience sensorielle.
Cependant, le fantasme cède rapidement la place à la réalité lorsque, sous l'emprise d'une perception déformée de l'expérience, le corps de la jeune Tara, en quête de désir, s'aliène à sa propre volonté de goûter au plaisir dont ses amies lui ont tant parlé en bien. D’autant plus que cette aliénation est domptée par le rythme d’une compétition imposé par son amie dans la suscitation du désir des hommes, compétition qui n’est finalement que la continuité d’une compétition scolaire rappelé à un moment donné du film avec les résultats de l’examen qui tombent.
Il est difficile de rester insensible à la remarquable prestation de la jeune actrice Mia McKenna-Bruce. Ce qui est particulièrement louable, c'est sa capacité à incarner avec perfection le sentiment d'être égarée au sein de cette gigantesque fête. Pourtant, la réalisatrice évite tout jugement moral à l'égard de cette célébration des corps juvéniles. La séquence où Tara rejoint un nouveau groupe, quittant son propre groupe après avoir été dégoûtée par son expérience personnelle du sexe, a été particulièrement agréable à visionner. Ce nouveau groupe, contrairement à celui de Tara au départ, parvient à instaurer un rythme harmonieux au sein de cette fête, se respectant mutuellement tout en profitant pleinement du moment.
En résumé, « How to Have Sex » est indéniablement un film de qualité explorant un thème fréquent dans le cinéma, celui du corps des jeunes. Cependant, il déroute les conventions du teen movie et de la série dramatique pour offrir un tableau bien plus réaliste des attentes d'une jeunesse résiliente, cherchant à échapper, ne serait-ce qu'un instant, à la pression constante qui pèse sur elle au quotidien. La scène finale souligne magnifiquement que cette jeunesse persiste pourtant à avancer. C'est précisément ce que fera Tara, et c'est le chemin emprunté par toutes ces jeunes femmes fortes dans le monde, utilisant des expériences négatives, voire traumatisantes, paradoxalement comme des armes vers l'émancipation.