Otto e Mezzo est mon Film de Frederico préféré.
C'est également mon Mastroianni préféré.
Ce film est à la fois un méta film sur la création artistique et une pure merveille sensorielle.
Je l'ai découvert il y a quelques temps maintenant grâce à mon ex qui voulait appeler notre hypothétique fils Guido comme le personnage interprété par Marcello.
Guido, l'artiste dans toute sa névrose créatrice, qui se prend pour Le Dieu-créateur.
La provocation est chez lui plus qu'un art de vivre.
Ici, l'artiste est un réalisateur célèbre en manque d'inspiration. Il a besoin d'une muse



Et de longs corbillards, sans tambours ni musique, Défilent lentement dans mon âme,
L’Espoir/Vaincue, pleure, et l ‘Angoisse atroce, despotique, Sur mon crâne incliné plante son drapeau noir



Cet alter ego de Fellini est maître dans le parent pauvre, le vilain petit canard, le petit dernier de la lignée illustre des Arts majeurs. Alors que Guido va se retirer du monde dans une station thermale pour retrouver son identité, Fellini va hurler sa peur en s'incarnant dans le personnage qu'il construit pour Marcello Mastroianni. Anecdote inutile mais parlante : Fellini coiffe Guido de son propre couvre-chef pour favoriser l'identification...
Cette mauvaise passe montre que selon lui, le cinéma, (l'art en général) est une nécessité pour celui qui se proclame artiste. Créer est un besoin viscéral et non un métier ou un passe-temps comme un autre.
L'intention derrière l'acte le transforme ni plus ni moins en acte d'amour envers l'Art en général et ceux qui en profitent (les amateurs) accessoirement.
Quand il évoque les films tournés avec Giuletta (Masina), il raconte : "Ces films que nous avons tournés, elle et moi, ce sont nos enfants, le fruit de notre amour auquel nous avons donné vie. Car le film, une fois monté (élevé) a sa propre vie "
Avec Huit et demi, encore plus qu'avec ses précédents films, on ressent que Fellini ne traduit pas les mots en image mais travaille directement à donner la parole aux images qu'il fabrique. Il dessine ses personnages comme un auteur de bande dessinée.
Nous, spectateurs fascinés, sommes témoins de deux pans de la vie d'un homme, le susnommé Guido Anselmi. La réalité et le monde imaginaire, fantastique et onirique de l'artiste se superposent, s’entremêlent au gré des besoins de la narration et de la volonté de l'auteur.
La vie subjective et intérieure du personnage apparaît au spectateur aussi clairement que son quotidien le plus trivial permettant ainsi un voyage dans un esprit riche et malade. Comme tout bon cinéaste, il fait du studio du tournage du film, le prolongement de l'imaginaire de Guido



Huit et demi compte parmi les films qui permettent de savoir mieux ce qu'est le cinéma, donc
ce qu'est l'œuvre d'art et l'homme qui la crée"



Dans l'oeuvre, le rêve dispute à la réalité (la maîtresse ou l'épouse). Révélateur des désirs inconscients, le rêve amène Guido à vivre dans un harem de femmes, ce théâtre érotique, libre production de l'imaginaire du personnage, est un lieu où l'homme révèle son besoin d'être admiré. Cela l'amènera à comprendre qu'il a besoin de sa femme. Il ne sait pas aimer et donc ne peut plus créer. Ce mensonge sur ce qu'il est l'empêche d'avancer dans son travail. Ce n'est que quand il ouvrira son coeur à sa femme, qu'il retrouve le gout de vivre et sa passion créatrice.

Rawi
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le 11 août 2015

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