Trois ans après la sortie du chef-d'oeuvre "La Dolce Vita", Fellini sort son huitième film, Huit et demi.
Durant ce long-métrage, Fellini atteint la quintessence de son style.
En effet chaque plan est accompagné d'une photographie d'une beauté rare.
La mise en scène parfaite du Maître ainsi que la musique époustouflante signée Nino Rota sont également les principaux acteurs d'une telle prouesse cinématographique.
Mais difficile de parler de 8½, sans aborder les prestations prodigieuses de Anouk Aimée et de Marcello Mastroianni.
Assurément, Mastroianni nous gratifie de sa prestation la plus accomplie, son rôle bien que superbe dans "La Dolce Vita" était pour ma part, moins profond et subtil.
Par ailleurs, ce film se distingue également par sa complémentarité entre ses transitions parfaites, faisant basculer le récit entre le réel et l’irréel et par son intrigue inhabituelle.
Effectivement, ces deux domaines forment une harmonie parfaite, l'un ne va pas sans l'autre, les deux se complètent avant de totalement se sublimer.
Dans ce film, Fellini se permet également de casser les codes scénaristiques ordinaires.
Chaque information personnelle concernant Guido, sa femme, sa maîtresse, Claudia, Pace, sera évoquée dans les nombreux rêves provenant de l'esprit de Guido.
Ce choix scénaristique fort, permet de créer une zone de confort entre nous (les spectateurs) et les différents personnages du film, avant même qu'on ait eu la chance de découvrir ces derniers.
Trente-huit ans plus tard, David Lynch utilisera le même procédé scénaristique pour son chef-d'oeuvre, Mulholland Drive.
Dans 8½, les nombreuses scènes nous gratifiant des souvenirs et fantasmes, de Guido projettent directement le spectateur dans des recoins de l’âme du cinéaste (Guido) que ses propres proches ne peuvent imaginer.
8½, est ce choc, cette expérience inoubliable, faisant savourer chaque spectateur ayant eu la chance de profiter de cette délicieuse leçon de cinéma.
Ce grand chef-d'oeuvre est magistralement clôturé par cette fin, voguant entre le réel et l’irréel durant laquelle Guido est pour la première fois seul maître de son destin.
Toutes les personnes dont il a été autrefois séparé sont maintenant réunies sous son commandement, tels les acteurs de ses long-métrages.
Guido n'a pas réalisé un film, mais la chose la plus cruciale, un rêve réunissant les personnes les plus importantes de son existence.
8½, est le genre d'oeuvre pour laquelle je comprends enfin pourquoi, le cinéma a une place aussi importante dans ma vie.