Il convient tout d'abord de dire que je ne suis pas un grand fellinien. Cela m'est apparu assez clairement en quelque film : je trouve que la Strada est un représentant très moyen du néoréalisme italien et Masina assez insupportable, j'ai plus d'estime pour la Dolce Vita, mais je le trouve tout de même un peu long et plat, et si j'aime mieux Amarcord, je n'ai jamais senti en Fellini un alter ego.

Et pourtant, 8 1/2 m'a scotché de bout en bout. Et c'est sans doute pour une raison assez précise : ici son style luxuriant et délirant est en parfaite adéquation avec le propos tenu. Celui-ci peut paraître mince : il s'agit d'un artiste (Marcello Mastroianni qui joue un réalisateur, plus que jamais double de Fellini) qui doute de sa capacité à créer et d'avoir quelque chose à dire. Cela donne un film très juste et très touchant, qui ne sombre jamais non plus dans l'auto-appitoiement, mais où les recherches quasi-absurdes de Fellini culminent en ce qu'elles correspondent exactement à l'état d'esprit de son personnage.

Ce qui frappe bien sûr, c'est que Guido-Marcello-Federico a des idées. En témoignent cette incroyable séquence au début du film, où le personnage, en cela très proustien, tranforme par son regard l'attente d'un verre d'eau de cure en un grand moment de cinéma, ou ce superbe hommage à Claudia Cardinale, la femme et l'actrice auquel je ne peux qu'adhérer. Mais ces idées visuelles foisannantes peuvent-elles aboutir à quelque chose, à un véritable propos, ou ne sont-elles de la poudre aux yeux ? Cette question en presqu'entière circonsise par cette fusée en construction, aboutiront au film lui-même (et là encore, on rejoint Proust, peut-être parce que c'est une obsession personnelle ceci dit !).
corumjhaelen
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le 25 mars 2013

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