Si ‘Hunger’ a bien un défaut, c’est de ne pas parler un instant des convictions et des objectifs de l’IRA. L’œuvre se contente par moment de décrire des conditions de détention inhumaines et la volonté des prisonniers.
Le film se compose de 2 parties, la première exposant la grève de l’hygiène entreprise par les prisonniers, la seconde leur grève de la faim. Les deux modes de vies étant tout aussi douloureux l’un que l’autre, le malaise et le dégoût prennent le spectateur à chaque nouvelle scène.
Mais le réalisateur a une manière bien particulière de mettre en scène la violence ou la putréfaction. Le panorama dans la cellule aux murs couverts d’excréments, le karcher pour décrasser le tourbillon dessiné au mur, plus tard le traitement des plaies révèle un côté esthétique et calme à l’horreur. A l’inverse, la violence physique est parfaitement perceptible, avec un brusque accès de colère au montage épileptique, ou le passage phénoménal des fouilles musclées avec l’aide des CRS. On retiendra ce terrible plan en deux parties, où un jeune CRS craque à l’extérieur des murs.
Les scènes qui servent réellement l’intrigue sont en fait très rares. Quelques dialogues entre détenus, nous expliquent le contexte historique, tandis que le récit secondaire décrivant un des gardiens de la prison n’apporte pas grand-chose. En revanche, ‘Hunger’ peut se targuer de proposer un plan-séquence brillant de 17 minutes. Il s’agit à la fois du dialogue le plus fourni du film, mais aussi du point d’orgue de l’œuvre, puisqu’il amorce la grève de la faim. Michael Fassbender et Liam Cunningham sont extraordinaires à ce moment là.
Pour autant, la suite du récit ne présente plus que l’agonie du leader de l’IRA Bobby Sanders, et malgré la performance physique de Michael Fassbender et la réalisation travaillée (la mort de Bobby, avec les fondus sur les corbeaux), le récit n’apporte plus grand-chose. D’ailleurs, l’absence quasi-totale de musique dans le film finit par lasser.
Une forte œuvre plastique, qui sonne un peu creux dans son propos.