‘Ich bin dein Mensh’ est une comédie romantique intelligente, doublée d’une réflexion sur notre lien à l’intelligence artificielle et à la technologie. Bien rythmée, drôle et bien interprétée malgré une fin légèrement convenue, je conseille vivement le film de Maria Schrader.
Alma est scientifique au célèbre musée de Pergame à Berlin. Afin d'obtenir des fonds de recherche pour son travail, elle est persuadée de participer à une étude extraordinaire. Pendant trois semaines, elle doit vivre avec un robot humanoïde adapté à son caractère et à ses besoins, dont l'intelligence artificielle est conçue pour être le partenaire de vie idéal pour elle. Alma rencontre Tom, une machine à forme humaine dans une classe à part, créée uniquement pour la rendre heureuse.
Ce qui m’a surpris est l’humour. Il faut voir la première scène, sorte de speed-dating entre robots et humains organisés par l’entreprise pour créer un premier contact. La scène est particulièrement efficace. Le personnage étant particulièrement dubitatif, la cinéaste multiplie les plans fixes pour mieux accentuer sa réaction, impayable. Dans cette scène, l’action s’enchaîne vite : de la première discussion au bug du robot en passant par une rumba. Le reste du film est du même acabit. Les gags s’enchaînent régulièrement et reposent principalement sur le décalage. Le robot énonçant des naïvetés, des énormités puisqu’il est voué à évoluer et à se conformer au désir de sa propriétaire et elle raide comme un piquet, assez pète-sec. Maria Schrader inverse en quelque sorte les rôles. On aurait pu imaginer l’inverse : la fille folle de joie avec son robot qui voudrait en abuser et le robot de calmer l’ardeur de sa propriétaire. L’humour est d’ailleurs assez allemand, car toujours élégant assez sérieux. Peut-être que le film aurait gagné à être un peu plus débridé.
Mais l’humour est semé dans le film avec parcimonie et n’empêche pas la réalisatrice d’avoir une réflexion intelligente sur ce qu’est une intelligence artificielle, ce qu’elle représente pour l’homme et en quoi elle en diffère. Comme le personnage l’admet elle-même, il y a une différence majeure entre l’homme et le robot. Le robot fonctionnel permet de réaliser des tâches à la perfection et avec précision. En revanche, toutes ses actions ont été programmées à l’avance, rien ne vient naturellement. L’humain fait des choix, le robot répond à un ordre et peut réaliser une tâche car il a été programmée pour la réaliser. Mais le plus grand fossé qui sépare l’homme de L’IA sont les émotions. Alma fait l’amour au robot et le robot a été programmé pour le faire. Et malgré cela, il ne ressent rien. En réalité, tout est faux car tout est calculé. Rien n’est spontané.
Scénaristiquement, le film reprend les éléments classiques de la comédie romantique avec les deux personnages que tout oppose, la cohabitation difficile dans un premier temps jusqu’aux prémices de la relation sentimentale, la séparation jusqu’aux retrouvailles finales. Le final au Danemark est d’ailleurs légèrement convenu.
Les acteurs sont assez bons. Dan Stevens apporte son physique angélique de gendre idéal et confère l’aspect lisse nécessaire au personnage du robot. Maren Eggert a un sacré tempérament comique et l’utilise a bon escient pour interprété cette chercheuse quasi-psychorigide.
‘Ich bin dein Mensch’ est donc une bonne comédie, à l’allemande, doublé d’une réflexion intéressante sur ce qu’est une intelligence artificielle. Jamais pompeux, le film est vraiment à voir.