Nouveau film du japonais Kore-eda, I wish était prometteur : une histoire d'enfants séparés par la force des choses, tout ce qu'il faut au réalisateur pour exprimer son talent notamment dans la direction de jeunes (voire très jeunes) acteurs. Rafraichissant, débordant d'imagination, l'histoire nous entraine dans une aventure simple et humaine, où tristesse et joie ne font qu'un et où des barrières d'apparence infranchissables sont brisées, grâce aux yeux d'enfants, insouciants et pourtant très conscient de la réalité des choses, sauveurs d'un monde d'adulte bien trop fermé et surtout morne.

On avait déjà vu la détresse de jeunes gens abandonnés à eux-même dans Nobody knows, véritable chef-d'œuvre, leur bonheur, leurs moments de tendresse et les difficultés à grandir, forcément, sans aucune figure maternelle, dans l'obligation d'agir en adulte sans pouvoir éviter la condition d'enfant qu'ils ont. Et le thème est ici sensiblement le même. Résumons simplement l'histoire deux frères sont séparés à cause du divorce de leurs parents : l'un vit avec sa mère et l'autre avec son père et rêvent de se retrouver et de reformer leur famille. Alors lorsqu'ils apprennent qu'un miracle se produit lorsque les deux TGV de la nouvelle ligne entre leurs deux villes se rencontrent, ils n'hésitent pas à tout mettre en œuvre pour pouvoir faire un vœu. Dès lors, si les figures des parents sont là, elles sont transparentes et encore une fois les enfants prennent le relais tant bien que mal, sans pouvoir éviter leur naïveté vis-à-vis du monde. Entre un père aimant certes mais irresponsable et une mère dépressive, les deux frères communiquent et "surveillent" leurs parents.

Cependant, on est loin de la tristesse de Nobody Knows, de sa descente aux enfers et de son final tragique. Le film est truffé d'humour, de petites répliques touchantes de la part des jeunes comédiens, excellents dans leurs rôles respectifs. S'ils sont très jeunes, il est certain qu'ils ont du talent et la justesse du jeu en général prouve une fois encore que Kore-eda sait y faire avec les enfants. La mise en scène toujours très sobre aide également beaucoup au propos et permet à tous les comédiens, petits et grands, de se dévoiler entièrement tout en s'attachant à montrer la société nippone telle qu'elle est, loin des clichés que l'on sert aux occidentaux en général. Un voyage à travers le Japon plus rural, loin de la fourmilière Tokyo : deux petites villes, deux familles normales et un mode de vie dans lequel chacun peut se reconnaître malgré des différences de culture évidentes. Qu'on aime ou pas le cinéma asiatique, le film est tel qu'il peut convenir à tous et fait office de véritable guide touristique dans ce qu'on ne pourrait imaginer en tant que non-initié.

Tout le film s'articule autour de l'idée de miracle et si l'aîné rêve de catastrophe naturelle sans en saisir les conséquences dramatiques, on ne perçoit aucune méchanceté dans un monde injuste. Pour autant, si le miracle est prépondérant, il n'empêche en rien le développement des intrigues et de l'histoire, ne l'empoisonnant pas en le figeant dans le temps et évite ainsi l'ennui : qu'on se le dise, 2h et quelques minutes de pur bonheur, sans longueur, passionnantes de par leur simplicité qui aboutissent sur la rencontre des trains, de ce phénomène d'ampleur quasi cosmique, condition indispensable à la réalisation des vœux de chaque enfant. Des rencontres, des aventures, de nouveaux objectifs, une nouvelle vie, l'acceptation explosent du croisement de deux trains, de deux groupes d'amis et la promesse à un nouvel avenir dans lequel rien n'est impossible.

On passe donc un excellent moment devant un film qui gagnerait à être connu. Là où Nobody Knows donnait envie de découvrir la filmographie du réalisateur, I wish ne fait qu'achever d'attiser la curiosité d'un univers a priori simplement beau. A voir d'urgence.
Carlit0
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le 11 mai 2012

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Carlit0

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