"Il Boemo" revient sur la vie de Josef Mysliveček, compositeur bohémien qui connut un certain succès en Europe dans les années 1760/1770. Avouons-le, il était difficile pour Petr Václav de faire original. D'un côté, les biopics musicaux pullulent ; de l'autre même les compositeurs d'époque y sont passés à la moulinette. Avec "Immortal Beloved" ou évidemment "Amadeus", mètre-étalon suprême du genre (qui techniquement n'est pas un biopic, mais passons !).
"Amadeus" qui est d'ailleurs référencé à plusieurs reprises. Dont une scène où Mysliveček côtoie le jeune Mozart, qui aurait été inspiré par le travail du Bohémien.
Heureusement, Petr Václav parvient à ne pas se laisser écraser par ce lourd héritage. S'il suit de loin le schéma traditionnel d'ascension et de chute, le film s'intéresse finalement peu à la carrière du compositeur. Le scénario préfère se focaliser sur ses relations avec les femmes, qui ont charpenté sa vie.
Une riche amante qui l'a établi dans un bon appartement, une autre qui lui a fait rencontré le monde qu'il fallait, une cantatrice qui l'a propulsé, etc. Des rapports intéressants, au milieu d'interfaces de pouvoir et de politique. L'ébullition artistique de l'Europe est d'ailleurs évoquée en sous-texte, y compris au niveau de la richesse linguistique : le film est essentiellement tourné en Italien, mais on peut y entendre du tchèque, de l'allemand, du français, et de l'anglais !
Le tout est filmé avec de beaux costumes, et surtout de magnifiques décors intérieurs et extérieurs (tourner à Venise, ça aide !). Visiblement ils ont eu un budget de plusieurs millions d'euros... j'ai envie de dire que c'est un minimum au vus du générique kilométrique qui crédite de nombreux organismes de soutien...
Question mise en scène, la photographie est souvent chaleureuse pour les scènes à la bougie, comme si celles-ci éclairaient la scène. Ou plus froide quand l'action se déroule dans d'immenses salles. Je suis plus réservé sur la caméra parfois tremblotante (à l'épaule ?), un artifice avec lequel j'ai du mal sur les films d'époque. Ou le fait que le film manque à mon goût de plans larges, préférant les plans plus centrés. Les limites techniques de la reconstitution ?
Côté acteurs, les actrices féminines sont souvent plus nuancées et convaincantes que Vojtěch Dyk, que je trouve moins expressif. Je dois aussi avouer que son air de ressemblance avec Patrick Swayze m'a un peu troublé !
Un beau biopic tout de même, qui sort un peu des sentiers battus malgré son héritage remarqué.