Le réalisateur du Voleur de Bicyclette, Vittorio De Sica, chantre du néo-réalisme, s'attaque à la comédie satirique avec ce Il Boom, qui traite comme son titre l'indique de cette période de prospérité de l'Italie se relevant subitement du désastre d'après-guerre. Le Boom économique qui profitera aux puissants en premier lieu, comme à peu près tous les mouvements naissants de l'histoire de l'humanité.
Afin de traiter de ce fait historique, De Sica propose une étude de mœurs sous forme de boutade acide, et dresse le portrait d'un yuppie, extraordinairement interprété par l'immense Alberto Sordi, qui n'a comme unique but que de maintenir son rang social au moment où arrive le temps de la ruine. Femme, amis, relations de travail, tous l'abandonne quand arrive le désastre. Il doit alors se résoudre à l'impensable, accepter une proposition tout à fait indécente de la part d'une femme de milliardaire borgne,
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Alors commence un véritable show Sordi, extraordinaire de justesse, tantôt hilarant quand il entame un one-man-show d'amuseur public, le pote rigolo par excellence, tantôt émouvant quand il se perd dans le vague ou dans ses rapports avec sa mère, seul être qui l'aime pour ce qu'il est et non pour ce qu'il a.
De Sica porte un regard amusé mais d'une très grande lucidité sur cet homme, confronté à un entourage fait de superflu et de clinquant, mais humainement vide, qui se débat désespérément pour s'accrocher à cette illusion.
En plus d'un rythme ne se relâchant jamais, ce film est remarquablement réalisé, offrant une mise en scène limpide qui découle d'elle-même. Techniquement c'est bluffant, il faut voir ces longs travelings au tempo d'un twist endiablé et ses points de vue ébouriffant de réalisme contextuel. Tout ça mis en musique avec une sorte de justesse tout simplement hallucinante.
De par son sens de l'observation il pose un regard juste emprunt d'une grande sensibilité sur cette fable cruelle, ce destin d'un homme qui se débat dans un monde qui l'avale.
Alberto Sordi est tout simplement remarquable sous la caméra d'un De Sica de très haut niveau. Un incontournable du grand cinéma italien.