On peut considérer qu’Il Maestro di Vigevano appartient à une sorte de trilogie qu’Elio Petri a consacré au travail aux côtés de Les Jours comptés et de La Classe ouvrière va au paradis. Le film est assez curieux car il oscille entre le sérieux, la gravité, et la bouffonnerie (c’est probablement Sordi qui tire le film de ce côté). Il est aussi ponctué de séquences oniriques qui sont filmées de manière très moderne en continuité totale avec les séquences concernant la réalité. Bien que souvent comique, l’ensemble est franchement amer et Petri fait un portrait au vitriol du monde de la modernité mercantile, mais aussi de celui d’un corps enseignant attaché à la noblesse de l’éducation, mais au fond misérable, rétrograde et ridicule. La mise en scène est remarquable avec des cadrages inventifs et signifiants et de très beaux mouvements de caméra. Le noir et blanc est superbe. Curieusement, la fin du film m’a fait penser à celle du Mépris, le chef d’œuvre de Jean-Luc Godard, réalisé la même année. Ma note : 8/10. Le film est disponible en combo blu-ray – DVD dans la collection “Make my day” chez Studio canal. Pour les nancéiens, il est disponible à la médiathèque de la Manufacture de Nancy.