Elio Petri n'était pas aussi porté sur la comédie que certains autres réalisateurs italiens des décennies 50 et 60 et Il maestro di Vigevano, son troisième long-métrage, aurait été sans doute été tout autre, s'il avait été réalisé par Dino Risi, comme initialement prévu. Ce portrait d'un homme honnête, esclave de sa hiérarchie dans l'institution figée de l'école et témoin impuissant du désir d'ambition de son épouse, est celui d'un être déboussolé, qui ne souscrit pas plus aux règles sans morale du capitalisme qu'il ne les comprend. Le tableau de l'Italie de l'époque est analysé sans concession par Petri, dont on connaît les fibres sociale et politique. Le film, très réussi dans ses séquences oniriques, se révèle parfois bancal entre la tragédie, l'absurde et le loufoque, avec cependant un Alberto Sordi impérial, sans doute l'acteur le plus à même, toutes générations et pays confondus, de jouer l'humiliation avec un tel talent.