The Imitation of a Genius
Avec tant de nominations aux Oscars et autant de Golden Globes de glané, on se met à penser sans détours que The Imitation Game, retraçant avec discontinuité la vie du mathématicien et informaticien Alan Turing, pourrait être "un des meilleurs films de l'année" - comme l'indique présomptueusement l'affiche du film.
Le biopic sur ce génie des maths expose principalement le décryptage du code nazi Enigma durant la Seconde Guerre mondiale grâce à l’invention du premier proto-ordinateur, machine permettant aux alliés d'anticiper les plans d'Hitler et d'accélérer l'issue de la guerre. Ce précurseur en informatique, interprété par un Benedict Cumberbatch peu exaltant, manque ici clairement de profondeur au regard de la complexité prétendue de l'homme, tantôt manipulé par les services secrets britanniques, tantôt victime de la pénalisation de l'homosexualité. Le scénario et la mise en scène choisissent la facilité au détriment de la vénération qu'il est censé soulever: The Imitation Game semble vite intoxiqué par des flash-back sur l’enfance inutiles, une romance creuse et mal exploitée, ou encore une enquête parallèle d'espionnage stérile. Bref, une incapacité à placer le génie asocial et visionnaire sur un piédestal, chose que la Reine Elisabeth II n'a pas manqué de faire en graciant Alan Turing fin 2013.
The Imitation Game nous présente, malgré ses imperfections, un héros de l'ombre à travers une trame historique singulière et divertissante. Le hic réside juste dans la frustration ressentie: la superficialité a vaincu la fascination.