Depuis longtemps je repoussais sine die le visionnage de ce film, principalement en raison de Clint EASTWOOD, car je ne suis pas forcément un grand admirateur de cette figure totémique du cinéma, oui je sais mes propos frisent l'hérésie et m'exposent à la vindicte de la sphère cinéphile, mais c'est ainsi, je peux en tant qu'acteur trouver des films dans lesquels je le trouve bon, voire très bon, mais je l'ai souvent trouvé inintéressant, je peux citer parmi les films qu'il a réalisé de grands films comme Million Dollar Baby (2004), Mystic River (2003) ou Gran Torino (2008) mais aussi pas mal de films que j'ai nettement moins aimé pour rester dans un euphémisme poli. Tout ça pour dire que cet "Impitoyable" n'était pas une priorité dans ma construction cinéphile, néanmoins il ne rentrait pas dans cette catégorie des films dont j'en ai tellement rien à foutre, qu'un site de streaming gratuit sera bien suffisant pour le voir.
C'est donc aujourd'hui chose faite, j'ai enfin vu ce western et il faut dire les choses clairement c'est un véritable chef d'œuvre ! Je ne vais pas faire dans l'originalité mais au niveau de la mise en scène on est dans l'exceptionnel, en termes de photographie c'est sublime et si Eastwood rend d'évidents hommages à ses ainés, il parvient de façon indiscutable à proposer une relecture passionnante des codes inhérents au genre, remarque valable pour ce qui concerne les cadrages et la construction des plans. Un scénario et une écriture brillants, des caractérisations de personnages et des prestations des acteurs exemplaires.
Là où le film m'a littéralement passionné, c'est dans sa façon de prendre à rebours les attentes du spectateur, car si dans le formel on peut déceler l'inspiration d'un Sergio LEONE, dans sa narration et je dirais même son postulat j'y ai d'avantage vu un western à la Sam PECKINPAH, un western où la figure mythologique du héros westernien en prend plein la gueule, où la légende, le roman de cette "histoire" américaine dévoile les aspects sombres et peu glorieux de cette époque qu'Hollywood a longtemps porté au pinacle.
Du coup cette approche dans une geste aussi radicale et nihiliste en vient pour moi à être pour Clint Eastwood le moyen de détruire, de tuer son personnage et la figure tutélaire qui l'a mené aux sommets du cinéma américain et mondial, de passer à autre chose, de se débarrasser dans un mouvement fascinant de tout un bagage que j'imagine encombrant et j'ai trouvé cela magistral.
Un dernier point pour souligner une dernière fois l'absolue qualité de ce film, alors qu'il est sorti, voici 30 ans il reste d'une modernité totale.
Voici donc un film dans lequel est investi ce bon vieux Clint qui rentre dans ma liste des grands oui, ce qui rééquilibre pour moi avec ses récentes propositions.