Plus les films d'Hong Sang-Soo s'enchaînent et se simplifient pour tendre vers une abstraction presque expérimentale et plus ceux-ci se révèlent en chapitres d'une autofiction intime où plane la présence de sa muse Kim Min-Hee.
Ici c'est une période mélancolique et désenchantée du cinéaste que nous découvrons, peut-être un souvenir de jeunesse, nous ne le saurons jamais.
Au cœur de cet étrange opus, une question : pourquoi s'obstiner à faire de l'art lorsqu'on n'a plus l'inspiration ?
Loin d'y répondre, le réalisateur élargit la problématique à un conflit interne entre une lâcheté humaine dont chaque action n'est propice qu'à une quête de reconnaissance et d'honneur et la gratuité désintéressée de l'acte bienveillant et qu'on ne remarque pas.
Plaçant son action dans une station balnéaire surexposée et entièrement floue, il pousse au plus essentiel la composition formelle de ses plans, réduisant souvent ses sujets à des tâches distantes et captées de dos, et saisit par là le brouillard et l'errance de l'éternel alter ego du cinéaste en quête d'un sujet et qui se refuse (presque ironiquement lorsqu'on connait sa carrière) à faire sans cesse le même film.
Si c'est parfois bien ce dernier constat qu'on pourra se faire face à l'ennui placide que produit parfois cette œuvre, c'est finalement bien la mélancolie tragique des derniers instants qui emporte l'adhésion.