« Border Incident », malgré un réquisitoire sans concession de la cruauté humaine quant à l’appât du gain, souffre d’un message final qui se veut pour la postérité alors que les cinquante dernières années l’ont complètement démenti. Réalisé pour la MGM qui apporte sa talentueuse équipe à la direction artistique (Cedric Gibbons) et aux décors (Edwin B. Willis), le film bénéficie d’un rythme certain, d’une réalisation sèche et concise dont la violence surprend pour l’époque (1949). Monté au cordeau, bénéficiant de la photographie de John Alton qui annonce les futurs westerns du réalisateur, et d’un trio central remarquable. Il est composé de Ricardo Montalban (un des rares films US où il joue un mexicain), George Murphy et d’un Howard Silva qui livre une interprétation toute en douceur sur la forme et totalement brutale sur le fond. Plus discutable est la stock music choisie par André Previn : essentiellement du Miklós Rózsa qui paraît une peu trop grandiose pour un film qui se passe surtout dans l’ombre. Les 92 minutes sans temps mort permettent de passer un bon moment, même si le côté pub pour la police des frontières et la conclusion qui avec font sourire.