C'est ce qui s'appelle nous la faire à l'envers. Un film dont l'intensité est forte dès le début, mais qui s'étiole peu à peu pour aboutir à un final médiocre, voire raté. Avec sa succession de mini-scènes sans paroles enchainées à toute vitesse, puis un twist final tellement attendu. Tout ça se termine en eau de boudin au point qu'on ne s'aperçoit même pas que c'est terminé. Ben si, voilà le générique. Après, cette inversion temporelle n'est pas totalement dénuée de cohérence d'avec le scénario...
Pour autant, on pourra au moins retenir l'idée d'une construction originale, déstructurée. Déstructuration d'ailleurs présente également en début de film, mais placée de manière bien plus percutante. A la décharge de Dupieux, l'histoire est tellement abracadabrante qu'il faut bien admettre que retomber sur ses pieds en fin de film relève carrément de la mission impossible. Mais bon, K. Dick arrivait bien dans ses bouquins à distordre le temps tout en ménageant à ses lecteurs des finals haletants.
J'ai tout de même passé un excellent moment, car le début est très réussi et j'ai trouvé certaines scènes vraiment hilarantes. Avec un regard ironique posé sur une certaine bourgeoisie de banlieues aisées, mais surtout une exploration des archétypes et stéréotypes de genre particulièrement bien sentie. Du genre je mets les pieds dans le plat et j'envoie la sauce. C'est loufoque, car plaquant une situation parfaitement impossible sur un quotidien et des aspirations tout à fait ordinaires et crédibles s'agissant des quatre protagonistes principaux du film. Du coup, ça part en live, mais l'étude de mœurs reste parfaitement pertinente en dépit du caractère totalement invraisemblable des événements. Là, ça tape fort, et, encore une fois, il est à déplorer que la fin ait été à ce point bâclée.
J'ajouterais que ce type de comédie ne peut être réussie que si les acteurs sont bons, et, qu'en l’occurrence, c'est le cas. Car oui, c'est bien une comédie, c'est beaucoup moins sombre et oppressant que le daim, qui est ma seule autre référence en matière de Dupieux. Voilà ce que je peux en dire, sans trop divulgâcher, car l'effet de surprise (fort bien ménagé par le montage du début de film) joue pour beaucoup dans le plaisir du spectateur.