Trois ans après Suspiria, Dario Argento remet le couvert avec ses sorcières. Même jeu de couleurs, même histoire, mêmes thématiques, le réalisateur italien creuse le sillon de son précédent effort avec le seul souci de créer une œuvre esthétique. Ce qui était un effet de style dans Suspiria devient ici le cœur d’une œuvre qui se moque un peu de son récit. S’amusant à dégommer, les uns après les autres, ses personnages pour déstabiliser son spectateur, il empêche aussi de s’attacher à eux. Avec ses dialogues minimalistes, les personnages tendent, de toute façon, à n’être que des outils à une narration qui trouve ainsi toujours de nouvelles directions. Un parti-pris qui peut lasser dans ce qui s’apparente à un véritable trip sensoriel qui tourne trop souvent à vide.
Avec ses pistes parfois lancées puis abandonnées, simplement par volonté de marquer la rétine, ses digressions étranges, son récit qui part dans tous les sens, Dario Argento propose autant de superbes séquences que de scènes de transition paresseuses. L’ensemble manque, de fait, d’une intrigue vraiment maîtrisée comme lors de ses précédents films et le résultat se révèle décevant. Ennuyeux par moments, sans rythme, avec des mises à mort progressivement bâclées, Inferno ne parvient pas à renouveler l’exploit de Suspiria. Dario Argento est trop prisonnier de ce qu’il veut montrer pour vraiment convaincre sur la longueur. Le cauchemar recherché pèche par ses excès formels et son récit trop lâche. On semble ainsi assister à un exercice de style qui se regarde trop le nombril et qui oublie que l’histoire doit aussi faire partie du mystère de l’ensemble.
Trop maniéré, porté par un Leigh McCloskey qui manque cruellement de charisme, Inferno est un beau film qui ne sait pas être passionnant et qui ne parvient pas à envoûter son spectateur. On s’y ennuie poliment et le résultat paraît vieilli quand Suspiria paraît encore résolument moderne. Ce n'est mauvais mais franchement décevant.