Pour moi, Inferno est un peu le brouillon de Suspiria alors que paradoxalement il lui fait suite. Et vu qu'au deuxième visionnage cette impression persiste, je m’explique.
Chez Argento, on a d’un côté les gialli et de l’autre les films d’horreur. Inferno fait clairement partie de la seconde catégorie. Et il ne s’en tire pas mal que ce soit au niveau de l’esthétique (rappelant énormément celle de Suspiria au niveau des jeux de lumières rouges et bleutées), des décors ou de la musique, bien que ce ne soit pas, une fois n’est pas coutume, Goblin qui s’en charge. La (géniale) chanson de fin « Mater Tenebrarum » d’Emerson reste des heures en tête et que dire des extraits du sublime opéra de Verdi, Nabucco, qui habillent magnifiquement certaines scènes.
Pour ce qui est des scènes de meurtres, le talent du réalisateur italien fait mouche une fois de plus tant visuellement que pour le quota d’angoisse et de perversité servi au spectateur. Des animaux sont mis à contribution pour accélérer le passage de vie à trépas de certaines des victimes ce qui n’est pas pour me déplaire, bien au contraire.
Alors pourquoi parler de film brouillon ? Parce que là où Suspiria bénéficie d’un rythme et d’une réalisation soignés et tenus de bout en bout, ici il y a des traces de laisser-aller.
Pour commencer, il manque cruellement à Inferno un personnage principal. D’abord Rose à New York, puis Mark, le frère de Rose, à Rome, puis la copine de Mark, Sara, puis Mark à nouveau mais à New York, sur les traces de sa sœur, puis la voisine de Rose mais pour une vingtaine de minutes, puis on revient à Mark pour conclure le schmilblick. Vous trouvez tout ceci embrouillé ? Désolée, mais ça l’est également dans le film.
Ensuite on subit quelques baisses de régime, des scènes qui traînent un peu en longueur et ne semblent être là que pour nous faire patienter jusqu’au zigouillage en règle suivant. Bon.
Pour finir, ce qui peut-être me gêne le plus, c’est les fausses notes que l’on rencontre à quelques reprises. Pour n’en citer qu’une afin de ne pas trop en dévoiler sur ce film, parlons d’une scène où de méchants matous agressent la voisine de Rose. Ça miaule, ça griffe et ça se jette sur la pauvre demoiselle qui n’en mène pas large, jusque ici, rien à en redire, sauf quand apparaît, et c’est flagrant (en bas à droite de l’écran pour les curieux), la main de l’un des assistants ou je ne sais qui, chargé du lâchage de chats (quel beau métier, soit dit en passant). Certes, ce n’est pas la mort du petit cheval et j’arriverai tout de même à dormir cette nuit, mais cela montre un relâchement par rapport à son long-métrage précédent ou tout était fait avec une minutie extrême.
Enfin ne boudons pas notre plaisir, Inferno reste très agréable à regarder et rendons hommage à Irène Miracle qui nous prouve qu’un chemisier affreux ne révèle tout son potentiel qu’après avoir fait trempette (scène superbe, s'il en est).