Avec ce polar sombre et vaguement sulfureux, Barbet Schroeder signe un hommage à l'écrivain japonais Edogawa Rampo, auteur de nombreux romans policiers dans la première moitié du XXème siècle, auquel il emprunte d'ailleurs le titre du film, "Inju".
Il s'agit d'une mise en abîme, puisque le récit narre les péripéties d'un auteur français de polars, en visite au Japon pour assurer la promotion de son dernier best-seller, avec l'espoir de rencontrer Shundei Oé, lui-même romancier reclus dans sa solitude, dont personne n'a jamais pu voir le visage depuis des années. D'ailleurs le film commence par une "fausse" introduction, qui correspond en fait à une œuvre proposée par le héros à des étudiants auprès desquels il intervient.
Celui-ci, Alexandre Fayard (Benoît Magimel), sera aidé dans sa quête par une jeune geiko (Lika Minamoto), dont il fait la connaissance dès son arrivée.
Malgré quelques jolies séquences dans un Japon traditionnel de carte postale, Barbet Schroeder signe un film poussif et régulièrement ennuyeux. Le réalisateur suisse n'est pas aidé par son acteur principal, Benoît Magimel se révélant mauvais comme un cochon environ une scène sur deux : dès lors, on a bien du mal à lui accorder la moindre crédibilité dans la peau d'un écrivain à succès, fasciné par le pays du soleil levant.
Lika Minamoto, qui ne peut s'exprimer dans sa langue maternelle, ne m'aura pas davantage convaincu, en dépit de deux ou trois séquences érotiques à vocation SM, qui s'apparentent à des fantasmes de type "pervers pépère"...
Nonobstant ces nombreuses réserves, tout n'est pas à jeter dans "Inju : la bête dans l'ombre", techniquement assez propre, et qui offrira un divertissement pas déplaisant aux amateurs de récits mystérieux et aux admirateurs de la culture japonaise, que Barbet Schroeder connaît bien.