Dans la liste des films qui ne me laissent absolument pas indifférent, je pense qu'Insaisissables arrive de loin en tête, mais certainement pas pour les bonnes raisons. Je ne sais pas si c'est parce que la bande-annonce prévenait déjà d'un foutage de gueule cinématographique ou bien si c'est parce que plusieurs de mes amis l'ont aimé et me l'ont conseillé que j'ai décidé d'en rédiger une critique, mais une chose est sûre, si vous recherchez de l'objectivité, de la prose, une analyse filmique passée au crible, et bien passez votre chemin. Ici s'abattra seulement la fureur et la colère ô combien insatiable que j'ai pu ressentir jusque là envers ce film qui m'a choqué du début à la fin. Surtout à la fin.
Alors Insaisissables c'est quoi ? C'est l'histoire de quatre brillants illusionnistes, interprétés par Jesse Eisenberg, Woody Harrelson, Isla Fisher et Dave Franco, qui dans leur grande bonté décident de réaliser un triptyque de shows spectaculaires visant à voler de l'argent souvent véreux pour le donner au grand public. Une sorte de robins des bois version Gérard Majax. Ils sont bien évidemment coursés par FBI, Interpol et tout le tintouin, interprétés par Mark Ruffalo et Mélanie Laurent, eux-même aidés par Morgan Freeman qui joue le rôle d'un magicien déchu spécialisé dans l'explication des tours complexes. Stop, ne nous mentons pas, ça c'est le pitch usuel que l'on met à l'arrière de la jaquette pour cacher une vérité plus atroce. À vrai dire tout cela c'est ce qu'on essaie de vous faire croire, la réalité est tout autre. Ce film, si l'on peut se permettre de le nommer ainsi, est tout bonnement la pire aberration de compost cinématographique qu'on ait jamais vomi sur écran, et c'est peu dire. Et oser insinuer que c'est l'éternelle Mélanie Laurent qui gâche toujours tous les films de sa présence ne serait que passer totalement à côté du problème. Mélanie Laurent est aussi inutile que tous les acteurs, qui n'arriveront jamais à provoquer la moindre empathie tellement l'on se fond dans une déjection fécale numérique inconstante, avec des show si prodigieux qu'on en vomirait notre pop-corn tant il est vulgaire et aussi bien filmé que dans Fort-Boyard.
Ici donc, Louis Letterier, dans son plus grand machiavélisme, ne fait pas que prendre le spectateur pour un attardé mental découvrant la télévision couleur, il s'en assume pleinement ! Le film se découpe assez facilement, on nous montre grossièrement des tours de magie aussi époustouflants qu'essoufflés, à l'aide d'effets numériques et de jeu de caméras sans substance. On rajoute à ça un peu d'humour potache face à une équipe d'agents du FBI totalement dépassée et décontenancée devant tant de prouesses invraisemblables, puis Morgan Freeman arrive pour nous remettre de l'ordre dans nos esprits si embrumés de magie, en nous expliquant tant bien que mal chaque éléments du tour afin d'apporter tout le crédit dont les scènes d'action ont besoin pour se donner une raison d'être. Il n'y a malheureusement pas grand chose de plus à ajouter, on peine à suivre le film tant il est mal découpé, avec des rebondissements aussi futiles qu'un téléfilm de Colombo, on est submergé par un flot d'effets visuels ratés pour nous faire passer une pilule indigeste d'intrigue scénaristique totalement plate et inconvenante.
Et que dire du twist final mes amis ? Je ne sais toujours pas si c'est une bonne ou une mauvaise chose de l'avoir plus ou moins prédit dès la première demi-heure du film quand on a vu que tous les personnages étaient déjà plantés, mais on va pas se mentir, le réalisateur a tourné son film en même temps qu'il improvisait son scénario, puis il s'est dit que pour une happy end de qualité il lui faudrait un final digne des retournements de situations les plus foldingo ! Honnêtement je vois difficilement comment ça aurait pu finir aussi mal, c'est d'une médiocrité sans nom que de penser que les gens seront assez dupes pour avaler une énième élucubration scénaristique aussi invraisemblable et scandaleuse que le fait d'être allé payer pour voir ce film en salles. Et comme si mon malaise devant ce torchon d'images ne m'avait pas suffit, Louis Leterrier décide de nous la jouer poète avec un magnifique fondu au blanc et un effet numérique absolument époustouflant, histoire d'en mettre plein la vue une dernière fois. J'ai pu après deux longues heures de torture mentale, me laver de ce vomi visuel et auditif sans nom. Notons quand même que ce film fait preuve d'un superbe paradoxe. En effet, faire croire aux gens que des mouvements de caméras en plan panoramique et des tours de magie emplis de ridicules qui doivent à tout prix être expliqués par Morgan Freeman pour leur apporter du crédit, sont un véritable spectacle visuel, et qu'en plus ça marche, ça c'est magique. Merci donc monsieur le réalisateur pour ce beau moment d'égarement où, entre deux scènes vomitives au goût incertain j'ai pu prendre le temps de réfléchir sur la condition humaine et la conjecture économique actuelle du Kazakhstan. Et c'est quand même bien dommage quand on pense que Louis Leterrier a aussi réalisé Danny the dog, petite perle que j'ai beaucoup apprécié.
À ne pas voir donc.