Bizarrement ça démarre bien. Le rythme est dynamique. On pense à un Ocean's Eleven téléporté dans l'univers des magiciens. Les comédiens y rajoutent leur grain ; Harrelson en tête, avec ses dons de mentalisme qu'il sait rendre déstabilisants et bien graveleux, Eisenberg et son asociabilité alliée à un sens du phrasé au débit mitraillette fait lui aussi bien rire.
Et puis vite le sentiment d'avoir raté un truc nous échappe ; celui d'être en train de voir un épisode parmi une longue série de films. Les personnages semblent d'emblée acquis, et le délire autour d'une prophétie qu'on ne comprendra jamais et que la fin tâche bien de n'éclaircir en rien nous perd totalement. Petit à petit le film se donne des allures de drame, ou en tous cas de film très sérieux, impliqué, engagé, et les acteurs, trognes fermées, s'enlisent dans leur sérieux abusif qui rend leurs personnages aussi peu sympathiques qu'horripilants.
Tout cela en dépit d'énormes incohérences qui rendent d’emblée l'ensemble bancal, et d'autant plus risible lorsque celui-ci se met à se prendre la tête lui-même, à s'auto tirer les cheveux. Le film s'essaie au fameux "mind-fuck", au fameux twist des films de Christopher Nolan (lien étroit avec Le Prestige, qui sur le sujet était un petit peu moins mauvais), mais n'obtient chez le spectateur qu'un froncement de sourcils prononcé et une lassitude couplée à un "mais whaaaat ??". Le tout filmé à la mode "machine à laver" (cuts permanents, caméra qui ne cesse de tourner, comme dans une centrifugeuse, autour de ses personnages), style esthétique qui, s'il est réussi par moment (les scènes d'actions) prend vite la tête.
Enfin, et c'est là selon moi le problème qui dépasse tous les autres, c'est le côté "magie" du film, pourtant son argument, l'intérêt même de l'intrigue, qui est on ne peut plus mal traité.
En nous montrant ces magiciens pseudo Robin des Bois ou John Dillinger le film se veut subversif, dénonciateur (et donc bien trop sérieux) pour un résultat qui jamais ne convoque et ne fait que pitié.
Et pour, un film qui prône ses tours de magie comme argument commercial, voir au final si peu de tours de magie et ne voir en eux non des démonstrations hallucinantes et incroyables mais une dénonciation ridicule des gros méchants riches, il y a des questions à se poser.
Et l'on n'évoquera même pas le couple si prévisible et raté que forment Ruffalo et Mélanie Laurent...

Charles Dubois

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