Cela faisait plus de vingt ans que je n'avais pas vu ce classique de John Carpenter : le redécouvrir au cinéma fut un vrai plaisir. Non pas que ce soit mon préféré du maître, restant un peu trop dans une logique de série B (budget oblige aussi), dans le ton comme l'interprétation (au demeurant très correcte), le scénario apparaissant parfois un peu trop en pilotage automatique.
Mais tout ça reste assez secondaire au vu de la maîtrise de « Big John » et son savoureux pamphlet : à la fois film de science-fiction, virulente critique de la société de consommation et fable politique, le cinéaste ne néglige aucun de ses différents aspects, faisant preuve d'une inventivité étonnante dans certains détails et les méthodes de manipulation des foules
(le travail visuel concernant le monde « parallèle » une fois les lunettes portées est vraiment un super moment),
le tout ponctué de plusieurs scènes mémorables
(la baston ne semblant jamais se finir, mais aussi la première rencontre avec Meg Foster, la destruction du bidonville...).
Un peu de second degré mais pas trop, regard acerbe sur une Amérique écrasant les plus démunis, divertissement posant une vraie réflexion sur notre rôle dans cette société avilissante (et dire qu'en 1988 les portables n'existaient pas...), le tout au rythme d'une bande-originale typiquement carpenterienne et collant parfaitement à l'ensemble : bref, si je lui préfère l'immense « Prince des ténèbres », cette « Invasion Los Angeles » se révèle encore bien plus d'actualité qu'à sa sortie et n'a certainement pas volé son statut d'œuvre culte au fil des années.