J’accuse est un film à la mesure du monument auquel il s’attaque. En effet, rarement je ne me suis sentis aussi proche de l’Histoire (avec un « H ») qu’en regardant J’accuse dont le réalisme et le soucis de cohérence historique sont parfaits.
Ici, le parti-pris du réalisateur n’est pas tant d’expliquer l’ampleur sociale de l’affaire que d’explorer les coulisses de l’armée et l’antisémitisme qui la ronge au détriment de la vérité. Jean Dujardin est épatant dans son rôle de colonel, certes non exempt de défauts, mais au fond profondément humain et juste.
Les décors, les costumes, la lumière si souvent grise nous plonge dans ce Paris industriel de la fin du XIXè siècle, plus humilié et divisé que jamais par la défaite de 1870. Et que fait l’homme en société quand il ne parvient pas à admettre sa propre médiocrité ? Il trouve quelqu’un d’autre à blamer.
Et plus d’un siècle plus tard, on ne peux constater qu’avec effarement que l’histoire se répète inlassablement. Dreyfusard / Anti-Dreyfusard, Universalistes / Nationalistes, climatosceptiques / écologistes, Pro Tump / Pro Biden, Pro-vaccins / Anti-vaccins… L’histoire est perpétuellement jalonnée de ces oppositions qui au fond voient s’affronter souvent les mêmes camps, de manière plus ou moins déguisée...