Je me rappelle distinctement avoir dit à mes parents avant le début du film : « Il paraît que c'est assez violent ». J'étais encore très loin de la réalité... « J'ai rencontre le Diable » est sans doute l'un des films les plus violents de l'Histoire du cinéma, ce qui n'est pas un reproche, loin s'en faut. Ce déferlement de fureur n'est en effet pas gratuit, et sert au contraire un propos particulièrement gonflé et étonnant. Loin des schémas policiers classiques, l'œuvre prend rapidement une voie originale allant toujours plus loin dans la surenchère et la cruauté, ce qui ne s'arrêtera qu'à la toute dernière scène, sidérante. Mais si cela fonctionne aussi bien, c'est également parce qu'en plus d'avoir un scénario foutrement retors, le film peut compter sur l'incroyable talent de Kim Jee-woon pour nous offrir un spectacle totalement barré, tellement brutal et sordide qu'il en devient parfois drôle, quasi-burlesque, cela toujours de façon extrêmement maîtrisée. Rarement voyage au bout de l'enfer aura été aussi loin dans l'excès, le malsain, le tout dans une ambiance très sombre et un peu dingue, une expérience macabre dont on sort lessivé, abasourdi et franchement impressionné. Un film sur le Mal absolu et sur jusqu'où on peut aller dans le sadisme par vengeance ou pur plaisir : un affrontement inoubliable.