**SPOILER WARNING**
Je suis assez partagé sur ce film. Visuellement c'est somptueux, mais ça ne raconte rien d'autre qu'une vengeance. Ou presque. La scène finale est terrifiante et magnifique, le relâchement du premier rôle crée une puissante résonance chez le spectateur, à son tour submergé par l'émotion. Une catharsis aux relents de crime odieux, une prise de conscience spontanée, réprimée jusqu'au dernier instant. Car c'est sur lui que s'abat le couperet lorsque le "héros" décide d'en terminer. Le climax agit comme un révélateur, il cristallise à peu près tout ce que le metteur en scène à voulu exprimer.
Et c'est bien dommage ! Certes, l'ensemble du film est haletant, la durée relativement longue du métrage s'expédie comme un télégramme, grâce à une science cinématographique lustrée jusqu'à l'os. Mais hélas, pas mal de grosses ficelles défigurent le récit, lui donnent une forme inconsistante. Les forces de l'ordre sont d'une incompétence assez stupéfiante, dans leur genre. La pilule-micro clignotante qui transmet les sons depuis l'estomac, c'est plutôt surréaliste, mais alors le coup du "t'as pas l'air d'être dans les parages, tu ferais mieux de te dépêcher avant que quelqu'un d'autre ne meure" du tueur au héros avant même de s'être procuré le laxatif, ça confine au facepalm. Une scène comme celle de l'arrachage de mâchoire dans l'hosto, on peut toujours se dire qu'elle reflète le déchirement intérieur de son auteur ou qu'elle tend à montrer l'entreprise vengeresse dans toute son horreur, mais j'ai peine à y voir autre-chose qu'un plan démonstratif totalement gratuit. Cela étant, Lee Byung-hun y met du coeur et s'avère excellent. Rien à dire non plus sur la prestation magistrale de Choi Min-sik.
Le film ne manque pas d'atouts, il s'autorise même un zeste d'humour (le manche du tournevis...). Il comporte des gros morceaux de tension bien compacts, mais ça ne fait pas tout. La scène de l'arrestation est assez risible, avec un signal que la Police attend (trois plombes) de donner au moment opportun, à savoir : juste quand des bagnoles surgissent pour couper la route aux agents branquignoles, histoire de laisser notre "vengeur-agent secret-cascadeur à ses heures" opérer son dérapage contrôlé (au poil de cul) pour faire rentrer le tueur dans sa portière de SUV. On ne peut pas vraiment dire que ces passages douteux portent atteinte au propos en lui même, disons qu'ils altèrent juste quelque peu la force que le film est censé délivrer en tant que thriller. Même si on se posera davantage de questions sur la teneur du message profond. Et de ce côté là on ne peut pas dire que le traitement par le gore m'ait convaincu.