Exempt de défauts, le dernier Clint Eastwood ne l'est aucunement.
Une photo vintage plus ringarde qu'autre chose, une musique d'une lourdeur à faire crever de jalousie les compositeurs sévissant dans la telenovela, un scénario survolant complètement l'Histoire des States au profit de l'histoire intime, à la singularité par ailleurs toute relative (spoiler : Hoover loves the cock). De surcroît, celle-ci est plutôt ratée par Eastwood, peut-être un peu trop anxieux de tomber dans la caricature et optant, par excès de pudibonderie, pour une voie médiane assez frustrante et surtout sans grand intérêt pour un spectateur en 2012...
Malgré tout, Eastwood fait le job et parfois même un peu plus, parce que papy Clint en a quand même dans la bouteille, réussissant de très jolies scènes (le date à la Bibliothèque du Congrès, l'entretien d'embauche de Tolson) ainsi que des beaux personnages féminins, notamment celui interprétée par la toujours impeccable Naomi Watts. La relation, très professionnelle mais néanmoins empreinte d'une profonde tendresse, liant Hoover et sa secrétaire réserve d'ailleurs les plus beaux moments du film, démontrant que l'art eastwoodien ne s'exprime pleinement qu'à travers le silence et les implicites, et que ses personnages ne se comprennent jamais mieux que lorsqu'ils ne se disent rien.
Enfin, peu de choses à dire sur un DiCaprio sans surprise puisque parfait, voguant avec une insolente facilité entre les âges et, en bon scorsesien qui se respecte, s'appropriant sans effort ce personnage ambivalent et torturé que fut Hoover.