Tout le monde connaît John F. Kennedy, 35ème Président des Etats-Unis, notamment en raison de son assassinat. Par contre, nous connaissons peut-être moins - en tout cas pour ma part - Jacqueline "Jackie" Kennedy, son épouse et Première Dame. Et c'est le portrait de cette femme que Pablo Larrain constitue dans son nouveau long-métrage, JACKIE.
La première chose marquante après le visionnage de ce film est la maîtrise formelle de celui-ci. Larrain compose de magnifiques plans et plus précisément ceux caméra à l'épaule. Il nous entraîne au plus près des personnages, avec de très nombreux gros plans, et capte leurs émotions. Le tout sublimé par une photographie somptueuse tantôt froide et terne , tantôt chaude et rassurante.
Le cinéaste chilien instaure avec cette mise en scène quelque peu étouffante une ambiance lourde et funèbre. JACKIE recherche avant tout à observer les effets du deuil, de la douleur et de la résilience face à cette difficile étape de la vie. Cette observation se fait néanmoins avec grande dignité et pudeur, ainsi, Pablo Larrain se refuse à toute émotion frontale. Certains verront cela comme un défaut majeur, empêchant le spectateur de ressentir la moindre émotion, mais il est possible de le voir comme un simple geste de respect envers Jackie Kennedy. A ce titre, Natalie Portman nous livre une partition parfaitement maîtrisé d'une femme déboussolée, désolée et totalement perdue face à la vie qui continue. Se rajoute à cette prestation celle de Peter Sarsgaard en tant que Bobby Kennedy, toute en intériorité et extrêmement juste. Dès lors, se dégage de cette réalisation un caractère profondément humain, plein de doutes et d'imperfections, qui touche notamment au travers des regards et des gestes de toutes ces personnes.
Malgré cet aspect funèbre, il se dégage une certaine légèreté dans JACKIE. Les échanges avec le journaliste de Life (Billy Crudup, acteur tout bonnement fantastique) donne parfois lieu à sourire - toutes proportions gardées. En outre, certaines notes légères tranchant avec la lourdeur des violons viennent souvent briser le caractère tragique de cette histoire. Nous sommes alors quelque peu décontenancer et nous nous retrouvons comme perdus avec Jackie face à la vie qui reprend le dessus et continue.
Pablo Larrain nous livre donc avec JACKIE un hymne à la résilience, une peinture emprunte de respect et de retenue d'une femme surmontant la perte. Ce long-métrage nous suis, dès lors, avec une funeste légèreté ... tel un fantôme.