Déception à la vue de ce biopic (encore !) sur la première dame la plus illustre de l’histoire récente des Etats-Unis d’Amérique. Pablo Larrain choisit de se focaliser sur une très courte période de la vie de Jackie Kennedy, en l’occurrence certainement la plus marquante : la quinzaine de jours couvrant l’avant et l’après de l’assassinat de son président de mari. Un choix qui en vaut un autre mais qui détourne peut-être l’attention du spectateur du sujet principal. En effet, on voudrait en savoir plus sur ce moment tragique auquel on finit par s’intéresser davantage que Jackie elle-même et dont au final on ne voit pas grand-chose. Ce qui crée un léger sentiment de frustration. Dans la même veine, le méconnu mais immense « Bobby » sur la tentative d’assassinat de Robert Kennedy, se déroulant sur un laps de temps très court également, était bien plus prégnant et réussi.
Le film se présente comme un kaléidoscope de moments, d’instantanés autour de l’assassinat mais du point de vue de Jackie Kennedy. Des instants qui entendent nous montrer la femme derrière l’icône. De ses confessions à un prêtre à une interview avec un journaliste - qui sert de point d’achoppement - en passant par l’organisation des funérailles de son défunt mari, le long-métrage navigue sans cesse de l’un à l’autre au fil d’un montage habile mais inutilement alambiqué. On a la désagréable impression qu’en sortant de la salle, on a finalement rien appris sur cette figure féminine devenue quasiment mythique avec le temps. On hésite à dire si trop de thèmes sont abordés ou pas assez, car il est difficile d’en déceler un précisément. Quant aux seconds rôles, ils sont réduits à l’état de silhouette, pauvre Greta Gerwig en tête.
L’ambiance générale du film est étrange voire morbide et la musique particulièrement originale de Micachu aurait plus sa place dans un thriller ou un film d’horreur qu’ici. On a du mal à savoir si « Jackie » est bourré de sens et de symbolisme ou si c’est juste une coquille vide au demeurant prétentieuse. Dans tous les cas ce n’est pas un film plaisant et on ne peut pas dire qu’une telle personnalité peut être cernée avec une œuvre comme celle-là. Grâce à une très belle mise en scène, certaines séquences sont néanmoins belles et mélancoliques, parfois envoûtantes, mais l’ensemble n’est guère passionnant. Quant à Natalie Portman, impossible de dire si elle excelle ou si elle est à côté de la plaque, à l’image d’un long-métrage dont sort de la projection avec un avis mitigé et l’impression d’être passé à côté.