Jackie Brown par Nicolas Montagne
Adoré par la critique, rejeté par les fans, Jackie Brown est l'heure du bilan pour Tarantino. Le projet était risqué: si l'adaptation d'un roman d'Elmore Leonard est un pari gagné d'avance, et si la Palme d'or pouvait inciter au déplacement pour les curieux, le parti pris était plus inattendu: faire de ce film un hymne à la blaxploitation. Reprenant indirectement son rôle de Foxie Brown, icône black des années 70, Pam Grier est stupéfiante dans le rôle de cette femme qui pore le même nom que son ancien personnage.
On découvre une gallerie de personnages particulièrement riche, avec une distribution de choix: Sam Jackson, Bridget Fonda, Robert De Niro, Michael Keaton, et même Robert Foster, ancien acteur déterré par Tarantino (au même titre que Travolta, mais sans le succès qui suit). Et les personnages sont à la hauteur du casting: Jackson est effrayant dans ses accoutrements de gangsters, De Niro est pitoyable en malfrat vieillissant, Keaton parfait en flic scrupuleux et, comme il a été dit, Pam Grier est resplendissante. Elle porterait presque le film sur ses épaules s'il n'y avait pas autant de talents.
Le scénario, éclaté comme l'aime le cinéaste, est particulièrement abouti et adulte, reposant sur une arnaque monumentale et peut-être parfois difficile à suivre tant elle est tordue, mais qu'importe. On raffole néanmoins des jump cuts made in blaxploitation, du souci du détail cher au cinéaste, et du pied de Bridget Fonda!