Malgré l'atmosphère, les personnages et le décor gris, froids et sombres, il y a dans ce film une lumière, invisible aux yeux, qui ne peut pas manquer de nous éblouir de sa pureté.
Franck n'a, à 52, pas grand chose pour lui dans la vie : Célibataire, sans enfants, habite dans une habitation précaire en banlieue parisienne, job difficile et mal payé, des proches foncièrement mauvais, etc, etc, etc.
Avec ça, on devrait être amené à découvrir un personnage aigri, agressif, intolérant, désabusé de toutes choses... Au lieu de quoi, on retrouve quelqu'un de, certes, taciturne, imparfait et froid, qui ne prend pas soin de sa personne, mais extraordinairement altruiste et généreux. Jusqu'à donner sa vie.
C'est cela, un vrai héros : quelqu'un qui n'a pas de raisons de l'être, qui n'a rien à en tirer, qui n'est pas obligé d'être de bonne humeur pour faire un bon geste... mais qui malgré tout va agir pour le Bien.
Le film de Pierre Jolivet tire sa force dans la philosophie de vie de son personnage fort (interprété par un remarquable Olivier Gourmet) qui efface la personne et ses intérêts propres au profil de valeurs bienveillantes. Le héros fait des actions bonnes pour elles-mêmes, et non pour la reconnaissance et la gloire que cela pourrait apporter.
J'ai personnellement apprécié cette scène où, avant de réaliser son acte héroïque, il regarde le ciel où on aperçoit un vol d'oiseaux. Plus tôt, son collègue lui avait fait savoir que ces derniers dormaient en volant en suivant le leader. Véritable métaphore du monde humain. Des hommes suivent, aveuglés et dociles, sans agir. Même lésé et harassé, il semble bien que Franck soit éveillé.
8/10