Je me décide à prendre la plume pour faire un peu de publicité à ce film qui semble passer inaperçu.
Vous voulez du cinéma social populaire ? Pierre Jolivet , scénariste et réalisateur, est là pour vous servir.
Entre Ken Loach et les frères Dardenne (en moins aride) il nous raconte la vie de Franck, 52 ans, gardien de nuit dans un supermarché de banlieue parisienne.
Son quotidien se limite à sa voiture, son parking et son appartement.
Mais au moins il a la chance d'avoir un travail et même que son patron (Bénabar qui n'en finit pas de rajeunir) va bientôt lui proposer un CDI.
!il est résigné !
Ancien ouvrier spécialisé et délégué syndical, il a perdu son emploi à trop vouloir être honnête, ne pas laisser faire les magouilles et s'implanter la corruption.
On s'est débarrassé de cet employé un peu trop présent, envahissant, droit.
Il est seul ! Il a rompu avec son passé.
Ses relations se limitent à sa sœur nymphomane en mal d'amour, les gamins de sa cité, et son collègue de travail.
On en a un très bel aperçu dans la scène où il croise son ami Etienne et qu'il constate qu'il est handicapé suite à un accident.
Pourquoi tu ne m'en as pas parlé ?
Tu ne m'a jamais appelé, je n'allais pas le faire moi, pour ça. L'amitié, ça ne fonctionne pas comme ça, j'ai ma dignité
Citation
Tout est dit : il est question de dignité !
Il passe son temps libre à réparer les objets dont plus personne ne veut.
Les laisser pour compte comme lui pour leur donner une autre chance de se rendre utiles.
Ayant connu un succès d'estime avec Ma petite entreprise, Jolivet continue dans la même veine et apporte un regard cruel mais lucide sur une certaine frange de la population de notre pays. Nous n'avons pas affaire à des chômeurs, des drogués, des marginaux mais à des petites gens comme il en existe partout sur le territoire qui se battent au quotidien pour survivre et conserver un semblant de dignité malgré les difficultés. Le quotidien des travailleurs pauvres en manque de solidarité.
Le personnage incarné par Valérie Bonneton, assistante sociale dévouée et compétente qui se retrouve à faire face aux mêmes problèmes que les gens qu'elle est censée aider est la clé de compréhension du film. Face à un Olivier gourmet formidable (pléonasme, je sais) elle est toute en sobriété et en retenue.
Ne voyant pas d'issu, Franck va se laisser porter par sa curiosité quand un soir, il voit un véhicule
qui attire son attention. Son bon sens va le faire se questionner et la curiosité va le pousser à enquêter sur le mauvais coup qu'il flaire.
Son instinct combatif refait surface et le sort de l’asphyxie et de l'indifférence.
Dans ce drame social, Jolivet donne la parole à ceux et celles qui ne la prennent jamais, qui ne s'en croient plus le droit.
Un film bouleversant, qui ne plaira pas à tous mais qui a le grand mérite d'exister.
Merci !