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L'organisation SPECTRE fait chanter les puissances occidentales avec deux bombes nucléaires volées. James Bond doit la stopper. Il était une fois un producteur irlandais dont la vie jusqu'alors...
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le 19 juin 2011
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Déçu de son rapport financier face au triomphe commercial de la franchise, Sean Connery proclamait haut et fort depuis 1971 qu'on ne le reverrait jamais dans le rôle de James Bond. Au début des années 1980, il caresse pourtant l'idée d'un Bond différent, à 100 000 lieues des pitreries de Roger Moore qui incarne le célèbre agent secret depuis une dizaine d'années. Aux côtés de ses amis Guy Hamilton et Tom Menkiewicz, Connery souhaite générer un Bond plus mûr et nettement moins indestructible, plus proche du personnage original créé par Ian Fleming en 1952, année de la rédaction de Casino Royale qui fut publié l'année suivante.
Connu d'abord sous le titre bateau de James Bond & The Secret Service, puis sous celui de Warhead (nom désignant une ogive nucléaire), le projet se développa lentement sous la direction de Kevin McClory, détenteur des droits d'adaptation audiovisuelle d'Opération Tonnerre. En effet, le roman étant à l'origine la novélisation d'un scénario de film jamais réalisé, écrit conjointement par Ian Fleming, Kevin McClory, Jack Whittingham, Ivar Bryce et Ernest Cuneo, Fleming conserva les droits d'auteur sur le roman tandis que McClory obtint les droits d'adaptation cinématographique. S'associant en 1965 avec Saltzman et Broccoli, Kevin McClory produisit le film Opération Tonnerre, intégralement réécrit pour l'occasion.
Auréolé du succès amplement mérité de L'Empire Contre-Attaque en 1980, Irvin Kershner est choisi comme réalisateur de ce remake d'Opération Tonnerre. Le script, c'est d'abord Sean Connery lui-même qui s'y attèle avant de céder sa place à Lorenzo Semple Jr. dont son adaptation cinématographique de Flash Gordon vient de casser la baraque au box-office. Totalement réactualisé par le scénariste, le script définitif provient, selon ses dires, de différentes versions non exploitées en 1965 par Terence Young.
L'histoire débute avec la présentation d'un Bond nettement plus marginal, ironique envers ses supérieurs et qui n'a plus tellement sa place dans les services secrets britanniques. De son côté, Blofeld, big boss de l'organisation criminelle SPECTRE, fomente une terrifiante opération de chantage envers le monde occidental en dérobant deux ogives nucléaires. 007 assure la difficile mission de localiser les deux bombes dissimulées quelque part sur la planète par Maximilian Largo, l'agent exécuteur de Blofeld. Avec une implacable tueuse à ses trousses, Bond s'envole de la Côte d'Azur aux Bahamas tout en s'amourachant de Domino, la compagne de Largo...
Malgré un impressionnant casting, il faut tout de même reconnaître que pas grand chose ne fonctionne dans cette aventure non-officielle du célèbre agent secret. S'il y a néanmoins plus d'idées de mise en scène ici que dans l'intégralité de la franchise incarnée par Moore, elles se voient malheureusement altérées par un montage effectué avec les pieds et agrémentées de faux raccords en veux-tu en voilà. De même, malgré l'ingénieux concept de ressusciter Blofeld, dont l'inconsistante mort bâclée au début de Rien Que Pour Vos Yeux avait anéanti les fans de la première heure, le personnage se voit malheureusement sous-exploité en dépit d'être incarné par le génial Max von Sydow. Et si la fascinante et cruelle tueuse Fatima Blush s'avère magnétique sur le papier, Barbara Carrera en fait inopportunément des caisses et sombre dans une caricature dommageable. Reste l'impeccable Klaus Maria Brandauer, subtil et plus que parfait dans la peau de Largo, terrifiant de folie dissimulée et qui sauve à lui tout seul le métrage d'un désastre absolu.
Quant à Sean Connery, son implication en Bond est à l'image de sa moumoute, bienséante et sans fioriture, malgré l'attitude ridicule et totalement fantasmée de ces jeunes femmes qui succombent à son charme machiste et archaïque en un dixième de seconde. Un retour au source finalement ubuesque, inutile et profondément séculaire. Doté du même humour beauf que celui qui fut attribué à Roger Moore pour incarner ce dangereux agent qui détient le permis de tuer, Jamais Plus Jamais n'arrive en aucun cas à dépasser le petit orteil de Casino Royale de Martin Campbell. Sûrement le meilleur Bond de tous les temps.
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Créée
le 3 juil. 2023
Modifiée
le 23 nov. 2024
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