Avec James Bond 007 contre Dr No, Terrence Young pose les jalons de toute une saga dans un premier opus minéral, qui sans budget se concentre sur l’essence même de son personnage.
James Bond 007 contre Dr No est tout d’abord un personnage phare de la littérature britannique, qui dispose déjà de sa propre bande dessinée qui paraît alors dans le quotidien Daily Express. Lorsque même John F. Kennedy cite Bons Baisers de Russie dans sa liste de romans préférés, sa réputation n’est plus à faire : Ainsi, si les droits sont achetés par Harry Saltzman, c’est du désir d’Albert R. Broccoli qu’en découlera des adaptations cinématographiques, partagées par les deux compagnies respectives des deux hommes, Danjaq pour l’un, EON pour l’autre. Lorsque United Artists leur donne les droits nécessaires, le roman Dr No est alors choisi pour son unité de lieu et son action peu coûteuse le projet est alors lancé, avec un budget serré de 300 000 livres, avec en tête d’affiche un acteur quasiment inconnu : Un certain Sean Connery.
James Bond 007 contre Dr No, du fait de son budget limité, choisit donc d’aller à l’essentiel. Sans chichis, la premier opus de la saga pose les jalons de la mythologie Bondienne dans un essai minéral. Alignant les scènes désormais cultes qui deviendront indissociables du personnage et des films futurs avec une redoutable efficacité, Terrence Young croque de plus son film originel dans une mise en scène soignée, alignant les décors comme des vignettes pop et colorées de cartes postales, offrant un luxurieux écrin à son personnage, passant avec brio de la luxuriante jungle jamaïquaine à l’incontournable glacial et impressionnant repère de son antagoniste.
En plus de l’organisation SPECTRE, tous les personnages et les traits du personnage de Ian Fleming se trouvent ainsi brillamment retranscrits, faisant de James Bond 007 contre Dr No, au delà d’un film fondateur d’une saga, une véritable bible du film d’espionnage et lancera à lui seul un genre à part entière. Si cette essence et ce récit qui ne cherche jamais à se dévier de sa route bien tracée contribuent au culte de ce premier opus, ces qualités demeurent également le pont faible du film de Terrence Young qui ne demeure ainsi jamais au delà de sa présentation efficace, un film véritablement trépidant.
Pour le charme et la torpeur, le film peut cependant compter sur son formidable trio d’acteurs. Ursula Andress, qui campe ainsi l’archétype de la James-Bond Girl dans une apparition en bikini ayant marqué les rétines, Joseph Wiseman en Dr No, présenté par ses mains gantés lui aussi comme un symbole d’antagoniste génialement malade et glaçant et enfin Sean Connery. L’acteur résonne comme une évidence et ce, dès les premières secondes de son apparition. Sean Connery incarne ainsi à merveille toutes les facettes du personnage en réussissant à brillamment se les accaparer, dans une interprétation mélangeant à merveille le charisme, l’humour, la désinvolture et la dangerosité. De son allure à sa démarche, tout relève ici du miracle de la rencontre entre un acteur et le rôle qu’il forgera à son image.
Véritable bible du film d’espionnage et film minéral d’une saga qui définit sans encombres toute l’essence d’un personnage en enchaînant avec un tempo millimétré nombre de scènes devenues cultes et indissociables du personnage, James Bond contre Dr No souffre cependant de ses limites cependant réhaussées par son trio d’acteurs et la rencontre entre un acteur et un rôle qui marqueront à jamais l’histoire du cinéma, Sean Connery et James Bond.
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