"Bond. James Bond." Sean Connery envoie cette réplique avec une classe nonchalante, et allume ainsi non seulement une cigarette, mais la mèche d'une franchise cinématographique qui deviendra l'une des plus longues et célèbres sagas de l'Histoire du cinéma !
Les néophytes qui découvriraient les films James Bond dans le désordre seront peut-être surpris par cette première aventure cinématographique de 007, qui n'applique pas encore la vraie "recette" de la franchise. Et pour cause, celle-ci ne sera vraiment au point qu'au troisième film, « Goldfinger ». Dans « Dr. No », pas encore de séquence pré-générique, pas de chanson accompagnant un générique très simple, une aventure sérieuse avec de rares touches humoristiques, un budget relativement modeste (on est plus proche de la série B que du blockbuster), et pas de multiples voyages à travers le monde.
Toutefois, il ne faut pas juger le film sur ce qu'il ne contient pas, mais sur ce qu'il propose ! Tout d'abord, Sean Connery s'impose à l'écran comme l'un des mâles alpha des 60's : élégant, viril, machiste, légèrement colonialiste à l'occasion, aimant les femmes, le luxe, l'alcool, et surtout les femmes. Pour l'anecdote, l'acteur, issu d'un milieu ouvrier, était pourtant loin de cet univers. Il fut coaché par le réalisateur Terence Young pour être à l'aise en costume ou dans des situations telles que les cercles de jeu huppés.
Mais « Dr. No », ce sont aussi des décors impressionnants signés Ken Adam, qui se surpassera allègrement par la suite avec des budgets de plus en plus conséquents. Un cadre exotique (la Jamaïque), filmé avec énergie par Terence Young. Et si certaines séquences ont vieilli (la poursuite en voiture filmée par projection...), d'autres sont encore très efficaces. Bond au lit avec une tarentule ; la confrontation avec le professeur Dent, très osée pour l'époque et montrant la froideur de notre héros ; la sortie de la sirène Ursula Andress en bikini sur la plage.
Sans oublier le thème principal excellentissime, composé par Monty Norman et orchestré par John Barry. Il reste aujourd'hui l'emblème musical de la franchise, et l'un des thèmes les plus célèbres du cinéma. Enfin, même si sa présence est finalement courte, le fameux Dr. No a tout de même une certaine prestance à l'écran, et s'impose comme l'embryon des méchants mégalomanes que 007 affrontera à de nombreuses reprises.
En conclusion, « Dr. No » n'est peut-être pas le film par lequel il faut commencer pour découvrir la franchise James Bond, mais il demeure un très bon film d'aventures.