The Far Country

Quand même le titre original a une autre gueule que ce pathétique "je suis un aventurier" ! Le titre débile octroyé par les distributeurs français mis à part, nous voici dans un western pour le moins atypique d'Anthony Mann avec James Stewart.

Pour qui connait ces romans de Jack London sur la ruée vers l'or de la fin du XIXème siècle, les noms de Dawson City, Skagway, Yukon, Klondike seront immédiatement familiers. En effet, le film se déroule bien loin à l'ouest du continent nord-américain dans cette zone entre Alaska, Canada et même Etats-Unis puisque la route pour cette "far Country" démarrait presque toujours à Seattle.

Le scénariste est Borden Chase, alias Frank Fowler, qui a été le scénariste des "Affameurs", de "Winchester 73" pour rester chez Mann mais aussi de "la Rivière rouge" (Hawks), "l'étoile brisée" (Hibbs), et bien d'autres. Une pointure donc …

C'est l'histoire de deux cow-boy, Jeff et Ben qui rêvent de faire fortune à la recherche d'or dans le Yukon afin de pouvoir s'acheter le ranch de leurs rêves dans le Montana … mais voilà le chemin pour y arriver est parsemé d'embûches et il y faut un moral d'acier et peu de scrupules pour y parvenir et survivre. En effet, dans ces contrées, c'est bien souvent la loi du plus fort et du moins scrupuleux qui prévaut… mais lorsque l'amour s'en mêle, alors là, les difficultés ne font vraiment que commencer …

Le casting est brillant.

James Stewart interprète au début le rôle d'un cow-boy individualiste et qui gère ses affaires avec son flingue quand il le faut. Business is business. Il ira même jusqu'à laisser une femme (autoritaire certes mais qui l'a protégé et qui a un petit faible pour lui) risquer se faire tuer ! Mais c'est ne pas connaître le fond de James Stewart. Petit à petit, il va se rendre compte que l'argent ne fait pas toujours tout, qu'il y a d'autres valeurs …

Walter Brennan est le second rôle, une gueule, une voix qui inscrit sa marque dans un film. Eternel bougon, grand bavard, bon buveur mais qui a la main sur le cœur, c'est surtout l'ami de James Stewart. C'est aussi un peu sa conscience.

Un mot sur les rôles féminins. James Stewart est confronté à deux types de femmes, toutes deux amoureuses, Ruth Roman en femme accomplie et séduisante, femme d'affaires, femme tendance dominatrice et Corinne Calvet, femme modeste, gentille, dévouée, volontaire et avec un cœur gros comme ça. On se demande bien laquelle des deux va réussir à emporter le morceau ! (Non, j'ai pas spoilé !)

A noter un point important : il est impératif de regarder Corinne Calvet, actrice française, en VO car la voix du doublage est ridiculement aigüe et dessert vraiment l'actrice !

Quant aux "méchants" de service, on ne sera pas étonné de trouver Jack Elam et John McIntire.

Le western a été tourné avec un beau technicolor dans les paysages somptueux des Rocheuses canadiennes (Glacier et rivière Athabasca et Parcs de Jasper et de Bannf, beaucoup plus au sud que Dawson ou que le Yukon).

Beau western atypique avec un James Stewart bien mis en scène par Anthony Mann.