Après nous avoir grandement ému avec son précédent film, Pupille, Jeanne Herry revient nous présenter un dispositif intriguant, la Justice Restaurative. Le concept débarque en France en 2014 et propose à des personnes victimes d’infraction de se réunir et de dialoguer avec d’autres individus reconnus coupables pour ces mêmes infractions. Ce dispositif complexe se déroule au sein d’un cadre sécurisé, encadré par des professionnels et des bénévoles, qui demande souvent de longs mois d’organisation pour faire en sorte que cette rencontre incongrue puisse être bénéfique à tous. Utopique, le projet comme le film en a tous les airs, et pourtant devant la caméra de Jeanne Herry s’anime une série d’échanges qui éclaire subitement les méandres de notre société fracturée par l’incompréhension de l’autre. On comprend très vite comment ces interactions peuvent corriger les carences d’une justice qui punit des coupables sans rien restaurer du trauma des victimes, souvent abandonnées avec leurs questions restées sans réponses. Il fallait donc l’acuité de Jeanne Herry, l’humanité de son regard prolongé par le jeu tout en nuances de sa troupe de comédiens pour nous offrir ces parcours de vie délicats, gorgés d’espoir et de résilience, improbable peut-être, mais qui nous donne envie d’y croire.