Je suis à 100% pour la justice restaurative, et pourquoi pas la mettre en avant dans un film, mais quand je regarde un film, je veux avant tout voir du cinéma, et pour moi la thèse, le propos, le sujet défendu passe après.
Avec ces attentes-là, impossible d'aimer ce film. Le sujet est traité de la façon la plus consensuelle possible, on dirait du Nakache et Toledano (ceci n'est pas un compliment). Je n'ai pas vu les autres films de la réalisatrice, elle est peut-être très talentueuse par ailleurs, mais là j'ai l'impression que le sujet de son film, assez lourd et intense en soit, c'est vrai, l'a complètement bouffé.
On dirait quasiment un film de promotion de la justice restaurative dans l'espoir de recruter plus de bénévoles. Tous les aspects de leur travail, leur cadre, leur vocabulaire, leur petit monde, tout ça est retranscrit d'une façon systématique, méticuleuse, scolaire. Ca tient de la sur-exposition, on devine trop souvent la réalisatrice qui fait dire à ses personnages des choses qui sont uniquement à l'intention du spectateur, j'ai trouvé que c'était vraiment forcé par moments.
Puis dommage par exemple, de ne pas avoir le moindre questionnement sur le profil des bénévoles. D'expérience, les bénévoles qui s'engagent dans des causes aussi fortes ne sont pas de simples chevaliers blancs, sans nuances ni failles. A aller là-bas, on y trouve aussi quelque chose, et pas toujours pour le meilleur ou pour les meilleures raisons. Tout n'est pas rose, même dans le monde associatif, même quand on agit pour des causes si justes, mais ça le film ne l'envisage pas.
On suit des trajectoires et des dynamiques extrêmement prévisibles, sans accros (quand je dis sans accrocs c'est en incluant bien sûr les pseudo péripéties dans les dynamiques entre personnages, parce que c'est comme ça que fonctionnent les scénarios), qui vont pile là où on les attend, tout à l'air d'une facilité déconcertante dans l'univers de ce film, tous les personnages répondent aux clichés attendus, avec de vraies lourdeurs. Madame ne sortait plus de chez elle et ne cuisinait plus pour personne, trois-quatre scènes plus loin elle a fait la cuisine pour ses nouveaux camarades et est allée acheter je ne sais quoi dehors. Et bien sûr, on le fait notifier par les personnages, on nous le montre à la caméra, on nous le dit... C'est terriblement infantilisant, on pouvait le comprendre par nous-mêmes sans autant nous le souligner.
Idem pour les dialogues, il y a trop de moments punchline, de phrases fortes ou qui se veulent fortes, et qu'on nous souligne par le montage, le jeu d'acteur, la mise en scène. J'ai trouvé ça lourdaud
Bref, avec mes attentes et connaissant déjà un brin le sujet, la proposition ne pouvait pas me plaire, précisément parce qu'il n'y a pas vraiment de proposition artistique, de parti-pris. Sujet pas totalement lisse, mais film très très lisse