La réunion par Berri d'un casting très musical (Gainsbourg + Souchon) pour une romance qui va se jouer au charisme. Bizarrement, le film présente un gros point commun avec celui que j'ai vu la veille (Le Fantôme de la liberté de Buñuel) : j'ai mis une bonne demi-heure à comprendre comment il fonctionnait, et ç'a fait sauter un point du score.
Il s'agit en fait d'un film uniquement romantique mais peu conventionnel, voire à reculons, car il mélange les épisodes de la vie du personnage de Catherine Deneuve au travers de ses aventures, et ce tous azimuts : les bas et les hauts, les coups adroits et les coups gauches. Bon départ sur un pied d'originalité, donc. Mais il aurait fallu convaincre Claude Berri de ne pas écrire les dialogues, qui sont d'une platitude à faire pâlir un inconditionnel de Jacques Demy en plein visionnage des Parapluies de Cherbourg, et corrodent les personnages quand le charisme des acteurs ne les y rend pas invulnérables (Deneuve et Gainsbourg, Depardieu en retrait pour le coup).
À la force du temps qui passe, le scénario s'éclaircit peut-être, mais il se donne aussi toute la marge nécessaire pour nous ennuyer ; les hauts deviennent les bas et vice versa, jusqu'à ce que la notion d'amour, concept central s'il en est, ne qualifie plus qu'une bouillie scriptique grisâtre, morne et même sordide. Notre foi, en tant que spectateur, en l'éternel recommencement que le grand sentiment constitue et symbolise, se dissout, et nous condamne à vivre au moins le dernier quart d'heure dans l'attente de la délivrance.
Quantième Art